Traduit par Georges H. Gallet.
Très bonne année !
Pour bien la commencer, je vais te parler d’un roman, sans doute considéré comme un classique, mais que je n’avais jamais lu. J’en ai refermé la dernière page il y a quelques semaines déjà, mais il m’a fallu un peu de temps pour m’en remettre, et mettre de l’ordre dans mes idées.
On m’avait en effet prévenu, et je remercie toutes les personnes qui me l’ont dit. Vous aviez toutes et tous raison, ce livre est magistral et bouleversant.
Au delà de l’histoire profondément humaine de Charlie Gordon, ce livre pose tout un tas de réflexions sur l’éthique, la différence, l’acceptation de soi…
Est-il éthique, au nom de la recherche, de considérer un homme comme un cobaye ?
Est-il si évident de décider pour lui qu’une modification profonde de son psychisme lui sera forcément profitable ?
Est-il éthique de vouloir à tout prix faire en sorte de gommer les différences innées des gens hors des normes ? Et si on en a la possibilité, en a-t-on vraiment le droit ?
Qu’est-ce que l’intelligence ? Comment la mesurer ? Rend-elle heureux ?
Qu’est-ce qui fait au final, la valeur d’une personne ?
Toutes ces réflexions, et bien plus encore, jaillissent à la lecture de ce livre.
Je pense qu’une bonne partie de sa puissance émotionnelle est dû à son style d’écriture.
En adoptant une forme épistolaire (le roman est en effet constitué des comptes-rendus successifs de Charlie Gordon sur sa situation), Daniel Keyes réussi le pari d’un récit intimiste, qui nous oblige quasiment à entrer en empathie avec le personnage principal. Aucune porte de sortie n’est présentée, on lit, vit et ressent avec lui dans une fusion totale entre le personnage et le lecteur. C’est ce qui fait de la lecture de ce livre une expérience aussi bouleversante.
Des fleurs pour Algernon représente tout ce que j’aime dans la science-fiction : quand elle sert à parler de l’humain. Car au delà des aspects fantastiques du récit, c’est avant tout une aventure humaine, celle d’une vie qui s’éveille, s’épanouie et s’étiole.
Dans ce cercle parfait, je me suis recentrée sur mon humanité, et ma fugacité… Un livre qui fait autant réfléchir fait forcément partie des grands.
Un livre bouleversant n’est-ce pas ?
J’en retient le personnage principal tellement humain, tellement émouvant, qui ne recherche au travers des expériences que le souvenir de sa mère.
C’est tellement bien écrit. J’en suis ému rien que d’y repenser