Année : 2019

Lu – The Boys – Garth Ennis et Darick Robertson (Panini comics) BD

Lu – The Boys – Garth Ennis et Darick Robertson (Panini comics)

Traduit par Alex Nikolavitch. Je ne connaissais pas ce comics avant de le voir en tête de gondole de ma librairie préférée, mis en avant grâce à l'adaptation en série qui vient d'en être faite par Prime Vidéo.Je ne compte pas regarder la série. D'abord car je regarde très peu de séries, et ensuite parce qu'il gèlera en enfer bien avant que j'ai quoi que ce soit à voir avec Amazon... Cependant, le nom seul de Garth Ennis m'a fait me précipiter sur les bouquins comme un membre du gouvernement sur un mandat non déclaré... Si tu me suis depuis un petit moment, tu sais à quel point j'adore une autre série de cet auteur, le formidable Preacher. C'est donc toute frétillante que j'ai entamé ma lecture. L'intrigue se situe dans un univers parallèle au notre, dans lequel les super héros (super-slips...), loin de l'image d'épinal qu'on pourrait leur prêter, ne sont que les outils marketing d'une grande entreprise qui les a créés à coup de sérum. La plupart étant corrompus, profitant de leur statut pour être criminels, une équipe est montée par la CIA pour les encadrer, voir les neutraliser : Les Boys (Les P'tits Gars...), menés par le plus charismatique des salopards: Billy Butcher. On comprend mieux en découvrant l'univers de cette série de bouquins pourquoi Wildstorm (filiale de DC Comics), qui l'éditait au commencement, l'a annulée au bout de 6 épisodes (la série sera par la suite reprise par Dynamite Entertainement)... Car en effet The Boys est à réserver à un public averti (d'ailleurs, c'est marqué sur la couverture). Cynique et très violent, irrespectueux et cru, The Boys est décoiffant, mais aussi absolument hilarant! Construisant une immense satyre du monde des super-héros, Ennis a développé des personnages complexes, particulièrement ambiguës, Butcher en tête, que j'ai aimé détester tout au long de ma lecture. Le trait de Darick Robertson manque parfois un peu de précision et c'est dommage, mais il a donné au personnage de P'tit Hughie les traits de Simon Pegg, et du coup, je lui pardonne tout. Mention spéciale à la traduction signée Alex Nikolavitch, qui, je pense, contribue grandement à faire la qualité de ces ouvrages en version française. Le langage employé étant particulièrement cru, imagé et drôle, je n'imagine même pas le travail que cela a dû être de traduire les blagues et autres traits d'esprits des personnages ! Ma découverte de The Boys ayant été l'occasion d'échanger quelques mots avec lui sur son travail, j'ai pu comprendre en quoi la traduction de comics avait ses particularités. Il s'agit en effet de traduire des bulles, donc un langage oral. Toute la subtilité étant donc de pouvoir donner à chaque personnage sa propre voix, tout en intégrant les contraintes liées à la traduction. Je trouve vraiment que pour The Boys, Alex Nikolavitch le fait divinement bien. Les personnages ayant tous une personnalité marquée, leurs interventions ont en plus leurs propres singularités, les rendant immédiatement reconnaissables. Tout cela cumulé fait de The Boys l'une de mes lectures les plus plaisante de ces dernières semaines et je te conseille, si tu n'as pas froid aux yeux, de te lancer à ton tour. Tu vas parfois être dégoûté, mais tu vas également beaucoup rire et te sentir vraiment libéré!…
Entendu – Projet Orloff – France Culture Audio

Entendu – Projet Orloff – France Culture

Projet Orloff est une fiction sonore en 11 épisodes de Tanguy Blum, Christian Brugerolle et Antoine Piombino, réalisée par Pascal Deux, en association avec la SACD. Prenant part en 1981, elle nous propose une intrigue d'espionnage mettant en scène le SDECE (service de renseignement extérieur français) qui deviendra plus tard la DGSE. Porté par de nombreux comédiens talentueux, j'ai été ravie d'y retrouver les voix de Lou de Laâge, Feodor Atkine ou la formidable Anne Alvaro ! La réalisation est soignée et l'ambiance sonore aussi, l'histoire est passionnante et addictive, c'est vraiment une réussite! A écouter sur le site de France Culture.…
Lu – Les dividendes de l’apocalypse – Stéphane Desienne (Éditions du 38) Imaginaire

Lu – Les dividendes de l’apocalypse – Stéphane Desienne (Éditions du 38)

On ne va pas se mentir, j'ai ce livre de Stéphane Desienne depuis très longtemps. Je l'avais même acheté chez feu les éditions Numeriklivre. Il a dormi un bon moment dans ma liseuse avant que je me décide à le réveiller, en partie après avoir lu l'avis de Christophe sur son blog Post Tenebras Lire, et aussi à l'occasion de sa réédition aux Editions du 38. On retrouve dans ce roman des thèmes chers à l'auteur et qu'il avait déjà abordés dans sa saga Toxic , à savoir les luttes de pouvoir et les intrigues politiques. Rajoute pour cet opus une bonne dose de SF et un ingrédient qui change tout : la religion. En effet, l'intrigue prend part sur une petite planète nommée Nouveau-Vatican, qui s'est mise à l'écart des affaires humaines. Alors que la menace d'une nouvelle apocalypse plane, le chef de l'inquisition va tout faire pour tenter de renverser le pouvoir en place et devenir Pape. J'ai beaucoup aimé cette lecture qui ne manque pas de punch, ni de rebondissements. Stéphane Desienne a un vrai talent pour imaginer des personnages forts et intrigants, toujours dans la nuance. Ils font tout le sel de ce récit ! Avec son sens du rythme, je ne me suis jamais ennuyée et j'ai enchaîné les pages à toute vitesse. Les dividendes de l'apocalypse est un très bon divertissement, qui conforte tout le bien que je pense de son auteur !…
Vu – 16 levers de soleil – Pierre-Emmanuel Le Goff (2018) Cinéma

Vu – 16 levers de soleil – Pierre-Emmanuel Le Goff (2018)

16 levers de soleil est un film documentaire qui retrace les 6 mois de la mission Proxima durant laquelle Thomas Pesquet a séjourné dans l'ISS, la station spatiale internationale. Qui est passé à côté de Thomas Pesquet ? Il aurait été difficile en 2016 de ne pas être au courant de son séjour dans l'espace. En plus de la mission scientifique, c'est tout de même un sacré exercice de communication qu'a fait l'Agence Spatiale Européenne. Ça a fonctionné d'ailleurs. Thomas Pesquet, perché à plus de 400 km de la Terre a fait rêvé des millions d'hommes et de femmes, moi y compris. Je me demandais cependant avec quel angle Pierre-Emmanuel Le Goff allait aborder le sujet. J'avoue que celui qu'il a choisi est assez déroutant. D'explication technique ou scientifique, tu n'en auras aucune ; d'interview, très peu ; et même si les rares prises de parole de Thomas Pesquet m'ont plongée dans des abîmes de réflexion, ce n'est pas là l'essence de ce film. Pierre-Emmanuel Le Goff signe un film très contemplatif, immersif, autant que possible malgré les contraintes, lent et propice aux réflexions. Sans aucune autre voix off que quelques citations, il nous plonge dans le quotidien de cet homme d'exception, tout en en soulignant la profonde humanité. En enchaînant les longs plans, parfois presque silencieux, le réalisateur essai de transmettre beaucoup de messages, de paix, de préservation, de solidarité... J'avoue que l'angle choisi n'est pas évident, que j'ai eu du mal à faire le parallèle avec Saint Exupéry, que j'aurais aimé parfois en savoir plus. Mais le film est sauvé par des images à couper le souffle et par la magnifique bande originale, signée Guillaume Perret. Ce film ne plaira pas à tout le monde, et je comprends qu'il puisse décevoir, mais pour ma part, il m'a bouleversée, je n'ai pas eu besoin de mots...…
Lu – PHIL, une vie de Philip K. Dick – Laurent Queyssi et Mauro Marchesi (21g) BD

Lu – PHIL, une vie de Philip K. Dick – Laurent Queyssi et Mauro Marchesi (21g)

Difficile de capter, en quelques dizaines de pages dessinées, l'essence de la vie d'un artiste aussi dense que Philip K. Dick. Face à ce défi, les auteurs ont choisi, comme Laurent Queyssi l'explique très bien dans le post-scriptum, de livrer leur propre vision du personnage, obligatoirement parcellaire et résultant d'un certain point de vue, mais également étayée par un très long travail de recherche, de documentation et d'immersion. Les dessins de Mauro Marchesi font parfaitement échos aux images issues des textes de Queyssi, et le tout se lit avec plaisir.J'ai un rapport très particulier avec Philip K. Dick, car c'est un auteur dont je connais beaucoup plus la vie que l'oeuvre. J'ai lu peu de ses écrits (essentiellement des nouvelles), mais j'ai lu en partie la monographie qui lui est consacrée aux éditions Actu SF et dont Laurent Queyssi fait d'ailleurs partie des contributeurs. Comment ne pas se passionner pour la vie de cet auteur tant elle est riche ? En un peu plus de 130 pages, cette bande dessinée retrace l'ensemble de la vie de Philip K. Dick. De ses multiples mariages à ses addictions, de sa paranoïa à ses envolés mystiques...Et on imagine à quel point toutes ces expériences ont put nourrir son œuvre, à quel point les thèmes récurrents qu'il aborde font échos à ses questionnements existentiels...Alors, bien sûr, faire le tour de la question dans une BD n'était de toute façon pas envisageable. P H I L est cependant un ouvrage très instructif, passionné et passionnant, une bonne entrée en matière pour qui ne connait pas Philip K. Dick.…
Lu – Substance – Claro (Actes Sud) Imaginaire

Lu – Substance – Claro (Actes Sud)

Lire du Claro, c'est toujours une expérience. Souvent enrichissante, toujours déroutante.Dans ce roman, Benoit est un orphelin du troisième type, élevé par une Tante aux multiples qualificatifs, elle même épaulée par 3 copines obscures. Fasciné par la mort, il y découvre une drôle de substance, l'ectoplasme qui lui déclenche de drôles de visions. Il se liera avec Marguerite, habituée des abductions.Ce résumé te parait bizarre ? Le livre l'est tout autant ! Au delà de cette histoire, que raconte-t-il donc ? Au final pas grand chose, mais ce n'est pas là l'important.Métaphorique par essence, tout l’intérêt de ce roman réside dans les envolées lyriques de l'auteur. Ses circonvolutions, ses digressions, son immense inventivité linguistique. Ce roman s'écoute autant qu'il se lit.Gothique de nature, Substance est un roman à l'atmosphère unique, sans doute pas accessible à tout le monde. J'ai d'ailleurs moi-même abandonné une première fois ma lecture, qui ne tombait pas du tout au bon moment dans ma vie. Après 2-3 semaines de pause, je m'y suis replongée pour ne plus le lâcher. Abandonnant l'idée d'en comprendre chacune des phrases, me laissant porter par la mélodie si particulière de l'écriture de Claro, son humour et le baroque du récit, pour en ressortir saoulée de mots et d'images.…
Entendu – Siduri – Fibre Tigre (Qualiter) Audio

Entendu – Siduri – Fibre Tigre (Qualiter)

Siduri est une fiction sonore sortie sous forme de podcast, écrite par Fibre Tigre et interprétée par Rudy Basset, le tout produit par Qualiter dans leur collection Fiqtion. Siduri compte 21 épisodes d'environ 8 minutes que tu ne verras pas passer tant l'histoire est passionnante. De l'histoire, je ne te dirais presque rien... Seulement qu'elle oscille entre policier et fantastique, qu'elle fait références à des légendes mésopotamiennes, qu'elle laisse une grande part à la sciences, qu'elle est d'une très grande originalité et qu'elle te tiendra en haleine, à enchaîner les épisodes les uns après les autres pour savoir enfin comment tout cela va finir. Siduri, c'est une très belle surprise audio. C'est impeccablement produit et réalisé. Rudy Basset, qui en est le seul comédien, porte formidablement le projet du bout de sa voix. C'est atypique et palpitant.... c'est une réussite que tu peux écouter gratuitement là: https://soundcloud.com/dequaliter/sets/fiqtion…
Lu – 2001 l’odyssée de l’espace – Arthur C. Clarke (J’ai lu) Imaginaire

Lu – 2001 l’odyssée de l’espace – Arthur C. Clarke (J’ai lu)

Sur un scénario original de Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke. Traduit par Michel Demuth. Drôle d'aventure que celle de ce bouquin. En effet, on ne peut taxer ni le film (l'oeuvre de Stanley Kubrick, si tu ne l'as jamais vu, regarde le... c'est une sacrée expérience !), ni le livre, d'adaptation. Tu me suis ?Si le livre est sorti quelques mois après le film, on sait que le film s'inspire en fait partiellement d'une nouvelle de Clarke intitulée La Sentinelle. On sait également que Clarke décide d'écrire ce roman parallèlement à la création du film, en accord avec Kubrick, les deux artistes souhaitant en faire un projet commun. Les deux auteurs et les deux œuvres se sont donc nourris les uns des autres. Tu me suis toujours ? J'ai vu le film plusieurs fois, je ne l'ai jamais compris. Ou plutôt, je n'ai jamais cherché à le comprendre. Trouver une signification à toutes ces scènes ne m'a jamais semblé indispensable. Pour moi ce film est avant tout une expérience visuelle, auditive... sensorielle. Ces plans qui s'étirent, ce temps qui se dilate, les valses de Strauss et la voix de HAL... J'ai eu donc peur, en lisant ce livre, de casser un peu l'envoûtement du film. Je le savais court, j'avais peur de le trouver abscons. Il n'en est rien. 2001, même s'il est taxé de hard science fiction, est abordable et passionnant. L'écriture de Clarke est simple mais non simpliste, rythmée par des chapitres très courts, et très imagée également, ou alors je n'ai pas réussi à me détachée de l'imagerie du film... Des différences entre le film et le livre existent mais sont minimes, les deux œuvres sont, par essences, interconnectées. C'est donc une nouvelle expérience que la lecture du roman. Si tu as vu le film, il sera un écho supplémentaire à ton rapport à cette histoire. Une nouvelles manière de la découvrir, un moyen également d'en trouver de nouvelles interprétations si tu le souhaites. Si tu n'as pas (encore) vu le film, il sera un bon roman de science-fiction, bien structuré et à l'histoire passionnante, interrogeant sur les origines de l'humanité et l'éveil de la conscience. Dans tous les cas un livre à lire...…
Vu – Into Eternity – Michael Madsen (2010) Vidéos

Vu – Into Eternity – Michael Madsen (2010)

Je voulais voir Into Eternity depuis longtemps. Depuis aussi longtemps que je connais le projet Onkalo dont il parle, tant celui-ci me parait vertigineux. Onkalo, c'est un projet d'enfouissement de déchets nucléaires finlandais. Pensé dès les années 1990, initié pendant les années 2000, l'enfouissement commencera en 2020 pour une durée de 100 ans. En 2120, le site sera scellé pour l'éternité, les déchets radioactifs étant nocifs pendant 100 000 ans au bas mot... Into Eternity est un étrange objet filmique, entre le documentaire, la fable, le film, voir le clip... A son visionnage le temps s'étire, ponctué par de long plans sur les travaux en cours, les paysages finlandais, et la voix du réalisateur qui s'adresse aux générations futures, celles qui auront à prendre soin du site quand l'humanité telle qu'on la connait aura disparu pour depuis longtemps. Onkalo étant un projet qui me fascine, c'est avec beaucoup d'avidité que j'ai embrassé les 1H15 de ce film. De nombreuses questions captivantes sont posées : Quel site choisir qui puisse être à l'abri de la nature et des hommes suffisamment longtemps ? Comment protéger le site des intrusions et le rendre inviolable ? Comment transmettre une alerte sur la dangerosité du site qui puisse persister pendant les 100 000 ans à venir, et surtout, doit-on le faire ? Les nombreuses réponses (ou absence de réponse claire) soumises par l'équipe du projet (longuement interviewée dans le film) m'ont plongée dans des réflexions éthiques et philosophiques profondes. Je ne suis pas ressortie indemne du visionnage de Into Eternity. C'est un film passionnant sur un projet hors du commun, qui questionne énormément notre vision de l'avenir, notre éthique, notre formidable cynisme... C'est donc avec beaucoup de conviction que j'encourage la découverte du travail de Michael Madsen. Pour compléter cette vision du projet, j'ai relu une très belle nouvelle écrite il y a quelques années par l'écrivain Neil Jomunsi, elle même intitulée Onkalo. C'est une histoire passionnante, un voyage dans le futur, à la rencontre de ceux qui pourraient, un jour, redécouvrir le site. La nouvelle n'étant plus très facilement disponible, je me permets, avec l'accord de l'auteur bien sûr, de vous la partager. Vous pouvez télécharger le fichier epub en cliquant ici.…
Journal d’un AssaSynth, T1 Défaillance système – Martha Wells (L’Atalante) Imaginaire

Journal d’un AssaSynth, T1 Défaillance système – Martha Wells (L’Atalante)

Traduit par Mathilde Montier. Défaillance système est une courte novella, qui, avec 3 autres récits, forment la saga Journal d'un AssaSynth. Comme le titre l'indique, cette histoire est racontée du point de vue d'un androïde de sécurité.  Celui-ci est chargé de protéger une équipe de scientifiques menant à bien une mission d'exploration, qui, bien sûr, ne va pas se passer comme prévu. Défaillance système est un bon récit d'action, dont l'atout principal est la personnalité de son narrateur : cynique, un chouilla misanthrope, grand consommateur de séries télévisées, et à l'humour bien particulier, lié à sa nature synthétique. Les personnages humains font malheureusement pâle figure à côté : trop lisse, trop survolés (du moins dans ce premier opus). En quelques pages, outre l'intrigue rythmée et riche en rebondissements, Martha Wells développe en propos principal une réflexion sur le libre arbitre, et l'éveil de la conscience liée à l'utilisation de l'intelligence artificielle. Il faut cependant avouer que cet aspect n'est qu'amorcé dans ce premier tome. De part son format court, Défaillance système manque en effet de profondeur, et dire qu'il révolutionne les récits de robots serait mentir, on reste dans du classique.  Mais l'histoire se suit sans déplaisir, et a représentée pour moi un interlude plutôt sympathique au milieu de romans beaucoup plus éprouvants. J'imagine que les propos amorcés dans ce livre seront prolongés dans les suivants, et je me suis suffisamment attachée à l'AssaSynth pour envisager de lire la suite de ses aventures à l'occasion...…