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Lu – Cinéphilou – Helkarava (Capricci) BD

Lu – Cinéphilou – Helkarava (Capricci)

Helkarava est un illustrateur que j'ai découvert grâce à son formidable travail sur la couverture d'un livre de Romain Ternaux. Après avoir parcouru son site internet, il me fallait absolument lire un de ses ouvrages. Cela ne t'étonneras sans doute pas que mon choix se soit porté sur Cinéphilou étant donné son sujet, mais également car j'ai beaucoup aimé la série d'illustrations que l'auteur a fait pour le magazine Sofilm. Cinéphilou est vraiment une pépite qu'il a été très jubilatoire de lire ! Avec un humour grinçant et cynique, l'auteur nous dépeint la vie d'un cinéma de quartier à travers les yeux de son personnage principal, et ses interactions avec la faune qui, comme lui, passe ses journées entre le hall et les salles obscures. Cinéphilou a vraiment du cinéma plein la tête, et les références sont innombrables. J'ai été conquise par sa vraie passion pour le 7ème art, ainsi que sa tendresse certaine pour les cinémas indépendants.Le style de dessin d'Helkarava est très atypique, mais colle parfaitement au récit. Ne tenant compte d'aucune limite, il est baroque et grotesque, violent, organique et sexuel. Certaines planches sont de véritables orgies de couleurs et de formes ! Je t'encourage à découvrir le travail d'Helkarava qui sort vraiment des codes, ne suit que ses propres règles et a su se créer un univers génial qui lui est propre. Et moi, il faut absolument que je me procure Aventures d'un romancier atonal, à présent... A noter que ce livre m'a également permis de découvrir Capricci qui, au delà des livres, est surtout une société de production et de distribution de films qui semble complètement dingue ! Je vais d'ailleurs me pencher très sérieusement sur leur boulot !…
Lu – Fake news – Manu Larcenet (Les rêveurs) BD

Lu – Fake news – Manu Larcenet (Les rêveurs)

Je n'ai pas pu résister à la couverture de cet album. Je ne connais pas dans le détail le travail de Larcenet, mais j'ai toujours aimé son univers visuel. Il s'exprime pleinement dans ce recueil de courts textes absurdes, étranges et drôles, au service de grandes pages illustrées. L'univers développé est entre le non-sens et la parodie, parfois drôle, toujours intrigant. Les planches sont magnifiques, d'une maîtrise inouïe, et m'ont souvent beaucoup touchée, Larcenet en disant plus en un dessin qu'en mille mots. Un livre que je conseille plutôt de picorer (il y a une fake news par double page), pour en savourer l'étrange poésie. Un exemple ? Le fantôme du dernier manchot de Humboldt est mort. Le SMMF (Syndicat mondial des maquereaux fantômes) se dit soulagé.…
Lu – Alpha …directions – Jens Harder (Actes Sud – l’An 2) BD

Lu – Alpha …directions – Jens Harder (Actes Sud – l’An 2)

Traduit par Stéphanie Lux. Alpha ...directions fait partie de ces pépites découvertes au détour des rayons d'une librairie. J'ai tout de suite été frappée par l'épaisseur de cet ouvrage, et par sa couverture, aussi saisissante qu'intrigante. Je ne m'imaginais pas, en l'ouvrant, que l'auteur me ferait faire un si joli voyage. La quatrième de couverture annonce pourtant la couleur: Quatorze milliards d'années résumées en à peine plus de 350 pages. Ce qu'elle ne dit pas, c'est qu'en plus du voyage dans le temps, l'auteur nous fait aussi faire un immense voyage dans l'iconographie et les représentations visuelles, allant des peintures rupestres aux images prises par télescope spatial, en passant par de nombreux artistes anciens et contemporains, et de multiples références cinéphiles. J'ai compté sur la page de sources plus de 100 références différentes aussi classiques que pop, comme Botticelli, Gustave Doré, Max Ernst, Van Gogh, Hokusaï et même Hergé ou Lewis Trondheim. Jens Harder arrive à mêler avec brio toutes ces références visuelles à son récit qui reprend par le détail l'histoire de notre terre de la naissance de l'univers à l'apparition des premiers hommes... Alpha ...directions est un ouvrage fou et démesuré, d'une richesse à peine croyable, qui se lit autant qu'il se contemple. Certaines planches m'ont vraiment enchantée. Au milieu de tout ce foisonnement visuel, l'auteur n'oublie pas de nous raconter son histoire, constituant donc en outre un ouvrage de vulgarisation rigoureux et complet. C'est donc une des plus formidables surprises de ce début d'année, et je ne manquerai pas de lire également les 3 autres tomes de cette "trilogie en 3 volumes" que l'auteur appel Le grand récit. Le tome 2, Bêta ...Civilisations est d'ailleurs paru chez le même éditeur.…
Lu – Il faut flinguer Ramirez, Acte 1 – Nicolas Petrimaux (Glénat) BD

Lu – Il faut flinguer Ramirez, Acte 1 – Nicolas Petrimaux (Glénat)

Il faut flinguer Ramirez a été conçu, réalisé, mis en scène et dessiné par Nicolas Petrimaux et cela fait toute la particularité de cet album. En effet, les casquettes de l'auteur sont multiples: animation, jeux vidéos, livre d'art... c'est un illustrateur/concept designer (selon le site officiel de la BD) ayant eu de multiples expériences. C'est, je pense, de par ce fait que, seul au commande de ce projet, il nous livre un album packagé, à mi-chemin de la bande dessinée, du comics et de l'animation. En effet, il y a dans ces planches une mise en scène prégnante, qui les propulse bien au delà de la bande-dessinée classique.  Ce livre est un objet léché, taillé au cordeau, maîtrisé de bout en bout avec maestria. Et au niveau de l'intrigue, me direz vous ?  Si je l'ai laissée pour la fin, c'est parce que de mon point de vue, c'est là que le bas blesse un peu. Biberonné par les années 80, Petrimaux nous balance une énième intrigue à la Tarantino et consort. Si elle n'est pas dénuée d'un humour qui parfois fait mouche, et de vrais envolées décoiffantes, si j'y ai retrouvé nombre de références sympathiques qui me font dire que j'ai tout de même un sacré socle culturel commun avec l'auteur, il m'a tout de même manqué ce petit "plus" que j'ai attendu pendant toute ma lecture et qui fait qu'elle ne restera "que" sympathique, quand je la trouvais tellement prometteuse... Pour résumer, j'ai adoré et en loue la forme. Petrimaux sort des carcans et nous propose un objet original, qui dénote des productions habituelles, et qui serait tout à fait propice à un crossmédia d'enfer. Pour le fond, malheureusement, je reste sur ma faim, serais-je devenue un peu trop exigeante ? Peut-être, car je conseil tout de même vivement cet album !…
Lu – Échos graphiques – Dave McKean (Delcourt) BD

Lu – Échos graphiques – Dave McKean (Delcourt)

Traduit par Anne Capuron. Je n'ai pas de mots assez forts pour dire à quel point j'aime l'univers graphique de Dave McKean, à quel point il me touche, à quel point je l'admire... Pouvoir enfin trouver le premier Echos Graphiques fut une grande joie, comblée en prime par la parution du deuxième volume de ses œuvres. Dans ces deux ouvrages aux dimensions impressionnantes (grand format, plus de 200 pages), il mêle comme à son habitude les techniques graphiques (peinture, dessin, collage, photo...) dans un ensemble d’histoires hétéroclites qui nous invitent dans son monde étrange et envoûtant. Le visuel de Dave McKean est frappant, reconnaissable et inoubliable. Son univers mêle l'extraordinaire, le troublant, l'angoissant à la poésie la plus pure et l'onirisme exacerbé. Lire Echos graphiques, c'est prendre un coup dans le bide, prendre une gigantesque claque. C'est être entraîné aux confins du visible, dans un tourbillon d'histoires chimériques, parfois absurdes ou drôles, toujours d'une beauté fatale. C'est être époustouflé par sa maîtrise de tant de techniques, être estomaqué par l'originalité de ses choix, être conquis par l'âme qu'il met dans ses planches.  Goûtez à l'art de Dave McKean et vous y laisserez une part de vous même, un écho, une ombre, car il parle à chacun d'entre nous.…
Lu – Contes ordinaires d’une société résignée – Ersin Karabulut (Fluide Glacial) BD

Lu – Contes ordinaires d’une société résignée – Ersin Karabulut (Fluide Glacial)

Traduit par Didier Pasamonik. Autant être honnête, je n'y connais absolument rien en BD turque dont Ersin Karabulut semble être un chef de file. Je ne me rappelle même plus de la raison qui m'a poussée à acheter cette BD, ce que je sais, c'est que c'était une bonne idée. Une très très bonne idée. Il faut dire que le bonhomme est rédacteur en chef d'un des rares magazines satiriques turques et que ça pose un artiste... Coup de poing, coup de cœur, les 15 courts contes qui forment cet ouvrage m'ont cueillie, secouée et laissée pantoise. Imaginez une maladie défigurante, capable de communiquer avec son hôte... Imaginez que l'on puisse prédire le futur emploi d'un enfant dès la grossesse... Imaginez que le gouvernement n'accorde qu'un crédit-vie de quelques années à se partager au sein d'un foyer... Imaginez que l'absence de couleur soit la nouvelle norme imposée par un société totalitaire... Imaginez que l'esprit de votre belle-mère se réincarne dans votre fille, que votre grand-père ne meurt jamais, que vous trouviez des messages dans des légumes... Toutes ces histoires, et bien plus encore, Ersin Karabulut vous les livre dans un ouvrage irrévérencieux, cynique, d'une cruauté féroce mais aussi teinté d'un humour des plus noir... Le tout porté par un dessin outrancier, parfois caricatural mais d'une extrême finesse tant dans les traits que dans le mariage des couleurs, et qui m'a conquise dès les premières planches. Dans cet univers si proche du notre, mais avec un je ne sais quoi qui dérape (toute allusion à une célèbre série sera sévèrement punie...) l'auteur dépeint les maux qui minent notre société : désillusion, résignation, aliénation, ou simplement immense saloperie. C'est brutal, c'est violent, c'est notre propre apathie qui nous saute au visage. Ça secoue, ça dérange, ÇA CHANGE, ENFIN... C'est une réussite de bout en bout. Infini merci aux éditions Fluide Glacial d'avoir dégoté ce diamant brut. Penchez vous sur le travail d'Ersin Karabulut, cela vaut - vraiment - le coup!!!!…
Lu – Yesterday – David Blot et Jérémie Royer BD

Lu – Yesterday – David Blot et Jérémie Royer

Drôle d'histoire que celle de cette BD. A la faillite de la maison d'édition qui l'avait publiée, le scénariste a décidé de la rendre accessible gratuitement sur le net, afin de donner envie à d'autre d'en publier la suite. Yesterday est une BD plaisante, avec un graphisme plutôt sympa. L'histoire n'est pas d'une grande originalité mais nous plonge avec plaisir dans les années 60, à l’émergence des groupes de rock. En revanche, ce premier tome  ne donne qu'un bref aperçu de l'ensemble du récit et ne constitue qu'une rapide introduction. De quoi me faire croiser les doigts avec l'auteur pour que cette histoire trouve une nouvelle maison d'édition pour s'épanouir!Ce premier tome est alléchant, la suite pourrait être délicieuse ! Retrouvez la BD complète à l'adresse suivante: https://t.co/k8wOAXW8vQ…
Spicilège #2 BD

Spicilège #2

Bonjour cher Lecteur, chère Lectrice, Je continue à chercher de jolies choses à te partager, au milieu d'un quotidien parfois bien morose des petites perles se cachent parfois et n'attendent que d'être découvertes, voici ma deuxième moisson... Sur l'écran de mon ordinateur... Deux nouvelles chaînes Youtube se sont partagé mon attention ces derniers temps, et elles parlent toutes les deux de cinéma de genre. La première, c'est Terrain Z, une chaîne qui propose chaque semaine du contenu en rapport avec un film, et qui propose ledit film en intégralité (légalement) à la fin du mois. C'est bien pensé, bien produit et super intéressant! La seconde, c'est Le coin du Bis , une chaîne qui propose également du contenu thématique autour du cinéma Bis. Tournée dans un vidéoclub, j'y ai découvert avec plaisir un diptyque sur John Carpenter, ou plus récemment une sélection de 20 films plus fous les uns que les autres. On sent beaucoup de passion, le contenu est très pointu. Dans mes oreilles... Sur les conseils de Dimitri Régnier dans sa newsletter Le Mégaphone (abonne toi), j'ai écouté la fiction audio Doulanges, produite par la RTBF. Il s'agit d'une série de courts épisodes (10 épisodes d'environ 10 minutes), une enquête policière reconstituée à partir des enregistrements d'une jeune journaliste, dans le style "found footage". C'est très bien écrit, joué et monté, ça tient vraiment en haleine.... J'ai récemment découvert également le podcast Dans l'ombre des légendes, de Charlie Bird Parker. Une "histoire particulière des légendes urbaines de Paris" qui commence par le récit inquiétant d'un tueur d'enfant dont on croyait l'enquête close... Un podcast à l'ambiance sonore soignée, intrigant et inquiétant... Sur les pages que je tourne... Récemment j'ai lu la BD The Black Holes, de Borja Gonzales chez Dargaud. Difficile de mettre des mots sur une histoire qui tient plutôt de l'errance, mais c'est un petit bijou de poésie visuelle, avec des thèmes qui me parlent particulièrement : l'art, la musique, la littérature, et la soif de liberté.  Il faut se laisser porter par l'onirisme tant cet album donne de l'importance à l'ambiance plus qu'au sens ; mais au final un magnifique voyage... Je viens de finir également les 2 tomes des Montagnes Hallucinées du mangaka Gou Tanabé chez Ki-Oon. Une adaptation puissante du récit de H.P. Lovecraft. Les traits sont fins, fiévreux, torturés, et rendent bien l'ambiance cauchemardesque et désenchantée de cet univers. Le froid omniprésent comme une menace sourde, la panique, la folie... un très bel ouvrage, particulièrement mis en avant par un écrin splendide (couverture en faux cuir et reliure cousue). C'est la fin de mes découvertes pour cette fois-ci... à bientôt !…
Lu – Anthologie Misty (Delirium) Lectures

Lu – Anthologie Misty (Delirium)

Misty est une revue anglaise hebdomadaire créée à la fin des années 70 par Pat Mills, à destination des jeunes filles adeptes de surnaturel et d'horreur.J'ai découvert, grâce à l'avant propos signé Pat Mills, l'univers de la BD et des périodiques de cette époque, qui semble être foisonnant, avec des scénarios assez adultes et de nombreux dessinateurs de talent.Grâce à Delirium, cette anthologie regroupe quelques unes des meilleurs histoires parues dans la revue, enfin traduites en français.Entièrement en noir et blanc, elle a comblé mes attentes en terme de nostalgie, et son côté "vintage" m'a particulièrement charmée. J'ai également été agréablement surprise par la qualité des récits, qui, quoique destinés à un public jeune et plutôt féminin, réserve leurs lots de frisson.Les dessinateurs ne sont pas tous du même niveau, et j'ai noté tout de même un côté très "lissé" des illustrations, sans doute dû à un nettoyage des planches en vue de cette édition. On se doute alors du caractère très bon marché des revues de l'époque.Ce fut donc une agréable plongée 40 ans en arrière que la lecture de cette anthologie et je félicite grandement le travail des éditions Délirium, qui nous permet d'accéder enfin à ces pépites.…
Bolchoï Arena, T1 : Caelum Incognito – Boulet & Aseyn (Delcourt) BD

Bolchoï Arena, T1 : Caelum Incognito – Boulet & Aseyn (Delcourt)

Ceux qui me suivent le savent déjà: je suis une grande fan de Boulet, dont je suis le travail depuis un paquet d'année. J'ai donc tout de suite été intéressée quand il a commencé à parler de son projet de BD de science-fiction. Je connaissais peu par contre le travail d'Aseyn, à part quelques planches dans une BD Axolot. Si j'ai été frappée par la finesse de son dessin, j'avoue que son style est assez éloigné de mes goûts personnels. C'est donc pleine de curiosité et assez confiante que j'ai démarré cette lecture, piquée par l'avant goût distillé par Boulet des mois durant. Mes petites appréhensions ont été rapidement balayées, car j'ai été emportée par l'univers visuel de cet ouvrage dès les premières pages. Aseyn est vraiment le dessinateur rêvé pour ce faire. Il a une identité visuelle propre qui m'a rappelée celle du manga Akira (ceux qui me connaissent savent aussi que c'est à peu près ma seule référence en terme de dessin japonais...). Estomaquée par l'importance donnée aux détails visuels et scénaristiques, j'ai adoré suivre les aventures de Marje au milieu du Bolchoï, un monde de réalité virtuelle dont elle découvre les possibilités et les codes en même temps que le lecteur. J'ai également apprécié le choix de colorisation évitant les teintes trop vives, qui n’empêche absolument pas le rendu de l'action (et de l'action, il y en a!) et qui participe au caractère original du visuel. Une très belle lecture, donc, avec un univers qui, sans être d'une originalité folle, est avant tout mûrement réfléchi et parfaitement cohérent, et un scénario pêchu mettant en scènes des héroïnes fortes et appelant la suite avec un enthousiasme confirmé !…