Folio SF

Lu – Solaris – Stanislas Lem (Folio SF) Imaginaire

Lu – Solaris – Stanislas Lem (Folio SF)

Traduit par Jean-Michel Jasienko. Je continue à explorer les grands classiques de la SF avec ce roman de Stanislas Lem, grand auteur de l'imaginaire polonais. J'avoue que l'envie de lire ce livre a tenue aussi beaucoup à mon envie d'en découvrir l'adaptation qu'en a fait Andreï Tarkovski, dont j'ai tellement aimé le Stalker (cela fera d'ailleurs l'objet d'un autre billet). Solaris est un roman très particulier, à l'atmosphère désenchantée et au rythme lent, dans lequel on suit le séjour du psychiatre Kelvin dans une station spatiale en orbite autour de la planète Solaris. Cette planète, étudiée depuis de nombreuses années, abrite un océan protoplasmique, véritable entité vivante, qui semble à l'origine de bien étranges phénomènes qui pousseront les 3 habitants de la station à remettre en cause leurs certitudes. Solaris est loin d'être un roman d'action. Plutôt contemplatif, voir même proche de l'essai philosophique parfois, il interroge sur la prise de contact avec des espèces extraterrestres, la conscience, la perception, la connaissance de soi. Particulièrement mélancolique, l'écriture très appliquée de Lem fait osciller le roman entre le huis clos se déroulant dans la station, et l'histoire de l'étude de Solaris, tellement poussée qu'elle a donné naissance à sa propre science: la solaristique. Une grande partie du roman parle donc d'épistémologie, avec cette interrogation récurrente : que faire face à l'inconnu. Solaris est un roman qui peut rebuter par sa lenteur, mais qui est particulièrement riche dans ses réflexions, et qui pousse à prendre son temps, pour en apprécier toute la profondeur.…
Lu – Stalker – Arkadi et Boris Strougastski (Folio SF) Imaginaire

Lu – Stalker – Arkadi et Boris Strougastski (Folio SF)

Traduit par Svetlana Delmotte. Autant que je me souvienne, Stalker est ma première rencontre avec de la science fiction Russe. Grand classique écrit en 1972, Stalker est plus qu'un roman. C'est un univers. C'est une atmosphère. C'est une sacrée expérience. Il raconte l'histoire de Redrick Shouhart, un "stalker", qui récupère illégalement des objets de la "zone". Cette zone mystérieuse a apparemment été visitée par des extra-terrestres il y a longtemps, laissant derrière eux, dans cette vaste étendue, des reliefs de leur passage, comme des restes de repas (le titre alternatif du livre est d'ailleurs "Pique nique au bord du chemin"). La zone est donc soumise à d'étranges phénomènes au danger mortel et certains intrépides se sont fait spécialistes dans le pillage de cette technologie, à la barbe de l'armée. Si le mystère est de mise, on n'en saura pas beaucoup plus sur cette histoire, les auteurs ayant délaissé les explications pour un propos tout autre. Plutôt qu'un récit à enjeux, les frères Stougatski ont fait de cette histoire le portait d'une société. Stalker, c'est la désillusion poussée à l'extrême, c'est la désespérance la plus absolue, c'est une lecture particulièrement pesante. Le roman décrit un monde qui se délite, sous une perfusion bancale, dans lequel les personnages survivent tant bien que mal, mais s'abîment, et s'autodétruise. La zone a en effet une drôle d'influence autour d'elle et c'est toute une société qui s'en retrouve perturbée. A l'écriture à la fois crue et teintée d'une certaine poésie, minutieuse et inventive, Stalker est un roman d'ambiance particulièrement réussi. J'en suis ressortie vidée, moite et pas forcément très joyeuse, mais l'expérience en vaut la peine, et le livre me hante toujours, quelques semaines après sa lecture. Stalker a d'ailleurs fait l'objet d'une adaptation cinématographique par Andrei Tarkovsky en 1979, dont je vous reparle très bientôt.…