Atalante

Lu – Futu.re – Dmitry Glukhovsky (L’Atalante) Imaginaire

Lu – Futu.re – Dmitry Glukhovsky (L’Atalante)

Traduit par Denis E. Savine. Futu.re, c'est l'épopée, la fresque qui me manquait ces derniers temps. Je ne suis en général pas adepte des pavés, mais celui-ci, avec ses plus de 700 pages (1500 pour moi en numérique...) m'a captivée du début à la fin. Futu.re narre une dystopie dans laquelle les êtres humains ont réussi à vaincre le problème de la mortalité. L'Europe est devenue une immense mégalopole. Au cœur de celle-ci, les hommes, devenus éternels, font croître leur population vers le ciel, en amoncelant les espaces de vie hiérarchisés selon le rang social.Le contrôle des naissances étant devenu un enjeu majeur, les couples choisissant d'enfanter doivent alors faire le Choix: il faudra que l'un des deux accepte de devenir mortel et de se dégrader et périr en quelques années. Le roman suit l'histoire de l'un des membres de l'organisme chargé de traquer ceux qui transgressent cette loi : la phalange. Futu.re est un roman particulièrement bouleversant, tant la dystopie proposée est réaliste. Glukhovsky prend son temps pour installer un monde totalitariste, tellement crédible que sa lecture m'a souvent dérangée.C'est tout l'enjeux de la surpopulation qui est abordé en en prenant le parti pris extrême : que se passerait-il si les hommes devenaient immortels ? Si l'immortalité n'était plus un rêve, mais qu'elle existe depuis si longtemps qu'elle soit une évidence, un acquis. Quels sacrifices seraient alors consentis par la population ? Dans notre société dans laquelle la mort est déjà mise de côté, dans laquelle les personnes âgées sont déjà mises au ban de la société, toutes ces réflexions prennent tout leur sel... Dans l'univers sordide du livre, le héros est l'un des personnage les plus travaillé qu'il m'ait été donné de lire ces derniers temps. L'intrigue se cristallisant autour de son parcours, il est l'atout majeur du récit. Absolument détestable presque tout au long de l'histoire, c'est au fur et à mesure de la levée du voile sur son passé que j'ai fini par le comprendre à défaut de m'identifier. En effet, le sordide côtoie l’innommable, et on se rend compte au fil du récit de ce qu'implique vraiment la société qui nous est décrite : contrôle de la population et contrôle des masses, enlèvement d'enfants, conditionnement... La prise de conscience est longue et chaotique, elle laisse un goût de bile dans la bouche. Fort d'un cynisme et d'une noirceur folle, le récit est cru et sans concession, ce qui le rend d'autant plus réaliste. Le cheminement moral du héros ne sera pas parvenu à me le rendre sympathique une seule seconde, mais m'aura permis de profondes réflexions. L'auteur réussi avec ce roman un énorme tour de force, un livre d'une intensité inouïe qui est en prime tellement prenant qu'on en oublie très vite la longueur. Sa lecture aura fortement raccourcie mes nuits, pour mon impossibilité à le lâcher, et pour les abîmes de réflexions dans lesquelles il m'a plongée, et qui me hantent encore.…
Lu – Celle qui a tous les dons – M. R. Carey (L’Atalante) Imaginaire

Lu – Celle qui a tous les dons – M. R. Carey (L’Atalante)

Traduit par Nathalie Mège. J'ai lu ce roman sur les conseils de plusieurs blogueurs (notamment Stéphanie Chaptal, ici). J'ai en effet préféré leur faire confiance plutôt qu'à mes instincts, qui me conseillent en ce moment de fuir comme la peste la moindre histoire de zombie, tant le genre est éculé. Ceci dit, après la bonne surprise qu'a été le film Dernier train pour Busan (j'en ai d'ailleurs parlé dans mon infolettre, si tu veux t'inscrire pour recevoir ce genre de contenu, ça se passe ici), il fut de bon ton de rester ouverte sur le sujet. D'autant plus que l'auteur a tiré de son roman le scénario d'un film, et vous connaissez mon attirance pour les adaptations. Celle qui a tous les dons prend place dans une Angleterre post-apocalyptique, quelques années après une invasion zombie (les affams) qui a obligé les survivant à se parquer dans les rares zones qui restent encore civilisées. Au cœur d'un complexe militaire, Mélanie est une petite fille atypique qui est le sujet, avec d'autres enfants qui lui ressemblent, d'une expérience visant à mieux comprendre l'épidémie responsable de l'apparition des affams... Face à ce genre très codifié, M.R. Carey construit une histoire originale et palpitante, à l'intrigue particulièrement bien ficelée. Sa variation autour du thème du zombie met en avant une base scientifique solide et bien argumentée, et des personnages robustes, aux personnalités subtiles et affirmées et aux enjeux pragmatiques. Réaliste, l'intrigue suit un rythme montant crescendo, et nous tient en haleine en alternant les scènes d'action avec les réflexions, d'une plume efficace et enlevée. Je ne regrette donc pas du tout d'avoir choisi cette lecture, que je te conseille si tu as aimé les zombies mais qu'ils commencent à t'ennuyer ferme !…
Journal d’un AssaSynth, T1 Défaillance système – Martha Wells (L’Atalante) Imaginaire

Journal d’un AssaSynth, T1 Défaillance système – Martha Wells (L’Atalante)

Traduit par Mathilde Montier. Défaillance système est une courte novella, qui, avec 3 autres récits, forment la saga Journal d'un AssaSynth. Comme le titre l'indique, cette histoire est racontée du point de vue d'un androïde de sécurité.  Celui-ci est chargé de protéger une équipe de scientifiques menant à bien une mission d'exploration, qui, bien sûr, ne va pas se passer comme prévu. Défaillance système est un bon récit d'action, dont l'atout principal est la personnalité de son narrateur : cynique, un chouilla misanthrope, grand consommateur de séries télévisées, et à l'humour bien particulier, lié à sa nature synthétique. Les personnages humains font malheureusement pâle figure à côté : trop lisse, trop survolés (du moins dans ce premier opus). En quelques pages, outre l'intrigue rythmée et riche en rebondissements, Martha Wells développe en propos principal une réflexion sur le libre arbitre, et l'éveil de la conscience liée à l'utilisation de l'intelligence artificielle. Il faut cependant avouer que cet aspect n'est qu'amorcé dans ce premier tome. De part son format court, Défaillance système manque en effet de profondeur, et dire qu'il révolutionne les récits de robots serait mentir, on reste dans du classique.  Mais l'histoire se suit sans déplaisir, et a représentée pour moi un interlude plutôt sympathique au milieu de romans beaucoup plus éprouvants. J'imagine que les propos amorcés dans ce livre seront prolongés dans les suivants, et je me suis suffisamment attachée à l'AssaSynth pour envisager de lire la suite de ses aventures à l'occasion...…