Mois : février 2020

Lu – La métamorphose – Franz Kafka (Folio) Imaginaire

Lu – La métamorphose – Franz Kafka (Folio)

Traduit par Alexandre Vialatte. Il est des livres dont la lecture marque durablement. C'est le cas de ce livre pour moi. J'ai lu La métamorphose à la fin de mon adolescence, alors que j'attendais l'heure de partir en soirée. Cette nouvelle a été une claque monumentale qui m'a complètement fait sortir de la soirée en question. Je n'ai lu les autres nouvelles de ce recueil que quelques mois après, ainsi que d'autres ouvrages de l'auteur. Retombée dessus lors d'un séjour en famille, j'ai décidé de le relire pour pouvoir t'en parler. Le style de Kafka est pour moi assez unique. Lire une nouvelle de cet auteur, c'est entrer dans un monde à la fois étrange et absurde, mais également oppressant jusqu'au malaise. C'est une lecture extrêmement viscérale, et il me faut toujours un moment pour m'en extraire une fois l'histoire terminée. Ses nouvelles décrivent souvent une société très impersonnelle et soumise à une bureaucratie aveugle, dans laquelle aucun espoir n'est permis. Il part de situations parfois sans aucun sens, et ne fourni aucune explication quant à l'étrangeté des choses (par exemple, on ne saura jamais pourquoi le Gregor de La Métamorphose se retrouve soudain changé en cancrelat...). C'est vraiment une expérience particulière de lire du Kafka, et je ne te dis pas que c'est toujours très agréable, mais c'est aussi totalement fascinant, et je n'ai pas réussi, pour ma part, à lâcher ce recueil avant d'en avoir tourné la dernière page.…
Lu – Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu – Karim Berrouka (J’ai lu) Imaginaire

Lu – Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu – Karim Berrouka (J’ai lu)

Karim Berrouka fait parti de ces auteurs que j'adore retrouver. Après avoir exploré le monde des fées et celui des zombies, il s'attaque dans cet opus aux Grands Anciens, aux Dieux Extérieurs, bref, à Cthulhu et toute sa clique, pour notre plus grande jubilation. Lovecraft... voilà une écrivain qui fait parler de lui depuis des années, que ce soit pour son oeuvre ou pour son racisme... Le mythe de Cthulhu a en plus atteint le statut de culte, et nombre de ses adeptes manquent parfois de recul. A ceci, Berrouka répond de la plus belle des façon : en évitant de le respecter. Dans ce roman, il fait de son personnage principal, Ingrid, une héroïne bien malgré elle. Propulsée sans pouvoir donner son avis "centre du pentacle", la voilà victime des rivalités de cinq pseudo-sectes qui voient en elle la solution à rien de moins que la fin du monde, et le retour des Grands Anciens... Une fois le mythe dépoussiéré et privé de son aura légendaire, l'auteur s'amuse a dépeindre des bandes de sectateurs tous plus cinglés les uns que les autres, décochant un énorme coup de pied en passant à toute forme de fanatisme. Au milieu du bordel ambiant, Ingrid ressemble aux héros chers à Berrouka : d'une normalité confondante et légèrement j'm'en foutiste... C'est toujours avec beaucoup d'humour que Karim Berrouka décharge sa plume acerbe, et, bien plus subtilement qu'on pourrait le penser, qu'il critique une société qui croule sous la bien-pensance et une pâle résignation. Adorateur du mythe de Cthulhu, si tu veux lire ce livre, prépare d'avance un peu d'autodérision, mais tu te rendras aussi compte que, pour avoir écrit un roman à ce point référencé, Karim Berrouka doit certainement en être un peu adepte...…