Bolchoï Arena, T1 : Caelum Incognito – Boulet & Aseyn (Delcourt) BD

Bolchoï Arena, T1 : Caelum Incognito – Boulet & Aseyn (Delcourt)

Ceux qui me suivent le savent déjà: je suis une grande fan de Boulet, dont je suis le travail depuis un paquet d'année. J'ai donc tout de suite été intéressée quand il a commencé à parler de son projet de BD de science-fiction. Je connaissais peu par contre le travail d'Aseyn, à part quelques planches dans une BD Axolot. Si j'ai été frappée par la finesse de son dessin, j'avoue que son style est assez éloigné de mes goûts personnels. C'est donc pleine de curiosité et assez confiante que j'ai démarré cette lecture, piquée par l'avant goût distillé par Boulet des mois durant. Mes petites appréhensions ont été rapidement balayées, car j'ai été emportée par l'univers visuel de cet ouvrage dès les premières pages. Aseyn est vraiment le dessinateur rêvé pour ce faire. Il a une identité visuelle propre qui m'a rappelée celle du manga Akira (ceux qui me connaissent savent aussi que c'est à peu près ma seule référence en terme de dessin japonais...). Estomaquée par l'importance donnée aux détails visuels et scénaristiques, j'ai adoré suivre les aventures de Marje au milieu du Bolchoï, un monde de réalité virtuelle dont elle découvre les possibilités et les codes en même temps que le lecteur. J'ai également apprécié le choix de colorisation évitant les teintes trop vives, qui n’empêche absolument pas le rendu de l'action (et de l'action, il y en a!) et qui participe au caractère original du visuel. Une très belle lecture, donc, avec un univers qui, sans être d'une originalité folle, est avant tout mûrement réfléchi et parfaitement cohérent, et un scénario pêchu mettant en scènes des héroïnes fortes et appelant la suite avec un enthousiasme confirmé !…
Taxi Driver – Richard Elman (Editions Inculte) Lectures

Taxi Driver – Richard Elman (Editions Inculte)

Traduit par Claro. Ecrit en parallèle du scénario de Paul Schrader, ce roman se présente sous la forme du journal de bord de  Travis Bickle. Au gré de nuits sans sommeil et de pérégrinations dans les rues de New-York, le lecteur entre dans la tête de cet anti-héros, et plonge dans son cynisme, ses désillusions, sa folie. L'écriture est claire et direct, sans fioritures, hypnotique. Les personnages sont peu nombreux, mais on compte surtout parmi eux la ville de New York, qui n'est pas montrée sous son meilleur jour : sale, sauvage et violente. Nous dérivons avec Travis, suivant son monologue intérieur, témoins impuissants de son errance et de la montée en intensité de la frustration qui le conduira à chercher un hypothétique destin par la violence. C'est rapide, violent et juste.Mention spéciale à l'art work de la couverture signé Yann Legendre dont vous pouvez retrouver le travail sur son site.…
André le Géant – Box Brown (La Pastèque) BD

André le Géant – Box Brown (La Pastèque)

Traduit par Sophie Chisogne.   Pour moi André le Géant est avant tout une silhouette, imposante, au coin d'un écran de télévision. C'est surtout celle de Wreslemania III, de ce match hallucinant contre Hulk Hogan. Il y a quelques années il s'est concrétisé à travers les souvenirs bien réels racontés avec passion par un vieux briscard du catch "de l'époque": de l’Élysée Montmartre, du Cirque d'Hiver, quand sévissaient l'Ange blanc, le Petit Prince et consort. Aujourd'hui, c'est donc par le truchement de la bande dessinée de Box Brown que je me plonge de nouveau dans la vie de cet homme hors norme. Cette BD, c'est toute l'histoire du catch des années 70 et 80, dans ce qu'il a de plus beau et de plus dur. Cette BD, c'est surtout l'histoire d'un homme qui apprend à 24 ans qu'il est condamné. Que son corps, qui est son principal gagne pain, finira par le trahir. Que ses dimensions gigantesques sont aussi celles qui causeront sa perte. Le destin d'André le Géant est à la fois exceptionnel et tragique, et c'est cette dualité qui donne tout son sel à cette BD. Encore une fois, le travail de recherche de Box Brown est excellent. Des aspects les plus connus de la vie du "Géant Ferré" aux anecdotes les plus cocasses, l'auteur brosse un portrait profond et tendre du colosse. On ressent toute la passion qu'il a pour le catch, tout en prenant le recul nécessaire sur l'exagération de certains aspects de cette biographie grâce aux notes à la fin de l'ouvrage. Cette BD est donc un très bel hommage au sportif. Je l'ai dévorée, et les autres membres de la famille (de 8 à 40 ans) l'on fait après moi. Nous avons tous adoré nous plonger dans cette histoire. Le catch étant le sport de tous les excès, il est logique qu'André le Géant y ait trouvé une place prépondérante. Les hommages qu'on continue à lui rendre 25 ans après sa mort ( La Bataille royale en mémoire d'André the Giant bat son plein chaque année à Wrestlmania) démontrent la gigantesque empreinte qu'il y a laissé.…
Le livre des crânes – Robert Silverberg (Le livre de Poche) Imaginaire

Le livre des crânes – Robert Silverberg (Le livre de Poche)

Traduit par Guy Abadia. Je retrouve Robert Silverberg avec grand plaisir après L'oreille interne, qui m'a déjà beaucoup marquée. En nous narrant le road trip hypnotique de ces 4 héros cyniques, Silverberg signe un roman initiatique magistral. Poétique, choquant, le récit donne tour à tour la parole à chacun des jeunes personnages, et plonge dans leur intellect encore en construction. Il s'évertue à mettre à nu leurs failles, leurs doutes, leurs secrets les plus enfouis. Mettant en opposition 4 parcours totalement différents, le récit questionne le rapport aux pères, à la foi, à la postérité. Cet étonnant voyage dans la psyché est servi par une plume affûtée, au style soutenu. Quand à l'aspect fantastique, il n'est là que pour servir de but, mais cela importe peu. Comme souvent, ce n'est pas la destination qui importe mais le voyage. Ce deuxième rendez-vous avec Robert Silverberg vient confirmer la très grande admiration que j'ai pour cet auteur.…
Moi, parasite – Pierre Kerner (Belin) Lectures

Moi, parasite – Pierre Kerner (Belin)

Illustré par Alain Prunier et Adrien Demilly. Pierre Kerner, créateur de l'excellent blog Strange Stuff and Funky Things, et, avant tout, maître de conférence en génétique évolutive du développement à l'université Paris Diderot, met tout son savoir et son humour au service de ce sujet passionnant: le parasitisme. C'est en effet un monde étrange, déroutant et fascinant que celui de ces organismes qui ont fait le choix évolutif de vivre de l'exploitation d'autres être vivants. Ce livre, écrit du point de vue du parasite en question, nous permet d'en savoir plus, et surtout, de dégommer un certain nombre d'a-priori sur le sujet. Il est temps de réhabiliter le parasitisme! Cocasse et extrêmement bien écrit, ce livre est un plaisir à lire, car il vulgarise sans simplifier, et on sent que l'auteur cherche (et réussi) à nous transmettre une vraie passion. Parfaitement structuré, il permet un tour d'horizon des différents types de parasitisme, et de leurs conséquences sur la vie, l'évolution et le reste. Les illustrations (en couleur, ce qui est appréciable) contribuent à alléger le propos, et le livre propose pour finir un glossaire parfois bienvenu et une solide bibliographie, pour qui veut approfondir le sujet. Une réussite, donc, un livre que j'ai adoré découvrir, et un auteur à suivre (sur son blog, sa chaîne Youtube et autres réseaux sociaux également!).    …
Tetris : Jouer le jeu – Box Brown (La Pastèque) BD

Tetris : Jouer le jeu – Box Brown (La Pastèque)

Traduit par Mathieu Leroux. Un format original pour une histoire passionnante. Qui n'a pas passé des heures et des heures à aligner les briquettes pour faire disparaître les lignes, les unes après les autres? Je dois l'avouer, Tetris m'a fait vivre ma première expérience addictive, et c'est un jeu qui fait partie de mon vécu vidéoludique. Quelle est donc l'histoire derrière l'écran? Celle d'un jeu créé par un informaticien russe et qui a réussi à conquérir le monde malgré le rideau de fer, au prix de nombreuses tractations commerciales. D'une précision clinique, cette BD nous explique tous les tenants et les aboutissants de cette rocambolesque épopée, au risque de perdre le lecteur au milieu de tous ces protagonistes, entre leurs ambitions et leurs rivalités. Tout ceci est en effet loin d'être simple, quel exploit donc, que d'avoir réussi à en tirer un récit si captivant! D'un point de vu graphique, le trait est minimaliste, ce qui ne me dérange pas en soi, mais j'aurais aimé un peu plus d'originalité. L'essentiel des cases représentant des réunions et des contrats, on tourne vite en rond. J'avoue cependant qu'en bonne férue de "la petite histoire derrière la grande", ce genre de récit me passionne et j'ai passé un très bon moment à découvrir celui de Tetris, que je ne connaissais pas du tout. Je m'intéresse d'ailleurs aux autres récits de Box Brown: la biographie du catcheur André Le Géant tout d'abord, qui me fait de l’œil depuis un moment, et celle du comédien Andy Kaufman, dont j'attends la traduction en français avec impatience!      …
Allison – Laurent Queyssi (Les Moutons Électriques) Imaginaire

Allison – Laurent Queyssi (Les Moutons Électriques)

Ce court roman a vraiment été un petit bonheur à lire. Il est doux et poétique, et offre une belle image de l'adolescence. Comme dans le livre L'oreille interne de Robert Silverberg, (que j'ai d'ailleurs lu sur les conseils de Laurent Queyssi), la petite touche fantastique n'est qu'un subtile prétexte à une chronique de ce moment de la vie synonyme de grands changements et qu'il est si compliqué de gérer. Tout ceci est traité avec une grande tendresse, une plume légère dans laquelle pointe un nostalgie sous-jacente qui m'a touchée. L'hommage au Rock Alternatif qui a bercé ma propre adolescence ne pouvait qu'achever de me conquérir complètement, pour faire de Allison mon coup de cœur du moment.…
La quiche fatale, une enquête d’Agatha Raisin – M.C. Beaton (Albin Michel) Lectures

La quiche fatale, une enquête d’Agatha Raisin – M.C. Beaton (Albin Michel)

Livre traduit par Esther Ménévis. Un livre sympathique et léger. Agatha Raisin est une héroïne assez hors norme à qui il arrive des péripéties drolatiques sur fond de campagne anglaise. L'ambiance est bucolique, les personnages truculents, et l'héroïne, bien que doté d'un fichu caractère, a gagné toute ma sympathie. On est entre l'hommage et la caricature des romans d'Agatha Christie Personnellement, Agatha Raisin m'a furieusement fait  penser au personnage d'Imogène McCarthery de Charles Exbrayat dont je me délectais adolescente! C'est une lecture typiquement britannique, qui fait sourire et passe le temps agréablement. Parfait pour les beaux jours!…
La nuit de l’ogre – Patrick Bauwen (Albin Michel) Lectures

La nuit de l’ogre – Patrick Bauwen (Albin Michel)

J'ai reçu La nuit de l'ogre dans le cadre d'une opération masse critique sur Babelio. J'ai une certaine affection pour Patrick Bauwen depuis que j'ai lu son premier roman L'oeil de Caine, que j'ai trouvé magistral. J'ai lu plusieurs de ses autres ouvrages et d'ailleurs j'en ai déjà chroniqué un sur ce blog (Les fantômes d'Eden). J'avoue que je n'y ai jamais retrouvé la maestria de ses débuts. La nuit de l'ogre ne fait pas exception.  L'histoire met en scène le docteur Christian Kovak, et je n'ai malheureusement pas réussi à m'attacher à ce personnage. Peut-être est-ce parce que je n'ai pas lu le précédent roman, Le jour du chien, dont il était le héros également, mais je l'ai trouvé trop sombre, trop imprévisible, voir incohérent. Le récit est, selon moi, trop long à se mettre en place, et l'action ne décolle que dans les 100 dernières pages. Difficile d'accrocher aux longues errances des personnages, qui semblent tous dénoués de sentiments. Il en ressort une atmosphère assez clinique, trop factuelle.  Reste l'intrigue policière, qui arrive tout de même à tenir en haleine (on a envie de savoir le fin mot de l'histoire!), et que j'ai trouvé très bien imaginée, glaçante et fascinante, et le style de Bauwen, qui va à l'essentiel, et sait parfaitement captiver son lecteur. Comme toujours le roman est richement documenté, sur un sujet particulièrement original. Et sur tous les aspects médicaux, Bauwen prouve une fois de plus qu'il sait de quoi il parle! Rendez-vous manqué pour moi, mais cela ne me détourne pas de cet auteur, la prochaine fois sera la bonne!…
Dino hunter – Olivier Saraja (Walrus) Imaginaire

Dino hunter – Olivier Saraja (Walrus)

Pourquoi choisir entre aliens et dinosaures? mélangeons les deux! Encore un délire plutôt bien ficelé signé Olivier Saraja, dont j'ai déjà bien apprécié le fameux Zombie Kebab. Dans la grande tradition pulp, cette lecture nous plonge rapidement dans l'action, avec un peu de nawak, et beaucoup de fun ! Alors, bien sûr, c'est le genre d'histoire qui demande de garder l'esprit ouvert, et de mettre sa rationalité de côté. Ne vous inquiétez pas, le rythme effréné du bouquin ne vous laissera pas le temps de penser à la suspension de l'incrédulité, l'action ne s'arrêtant qu'une fois la dernière page tournée. Et comme toujours, on gratte un peu la surface, et on se rend compte que le récit marche aussi parce que les personnages sont peu nombreux mais tous intéressants, que l'auteur a réussi, dans un récit très court, à leur donner une profondeur, une histoire, sans que cela ne plombe le reste, et que les rapports humains sont subtilement dépeints. Et entre deux bouchées de pop-corn, on se surprend à avoir un petit sourire en coin ou à applaudir intérieurement. Dino Hunter reste une lecture récréative, et on s'amuse beaucoup. Elle a en plus ce petit "truc" qui donne un sel supplémentaire à ce type de récit.…