Le cycle des Princes d’Ambre de Roger Zelazny

 

Je fréquente les bibliothèques depuis que je suis en âge de lire je pense, et je me rappelle que la bibliothèque municipale fut l’un des premier lieu que j’ai investi dès que j’ai pu sortir toute seule. J’y ai passé beaucoup de temps à rechercher des ouvrages dans les tiroirs pleins de fiches, ou à déambuler sans but, à la recherche d’un livre qui m’attirera l’œil.

 

Quand j’ai eu 14 ans, la toute nouvelle médiathèque de ma ville a ouvert ses portes. Il va sans dire qu’elle nous a beaucoup vus, mon frère et moi.

Et c’est là, lors d’une après-midi de flânerie, alors que j’étais en panne de lecture que je demandais à ce dernier s’il a un bon livre à me recommander, qu’il me met entre les mains le premier tome du cycle des princes d’Ambre : Les 9 Princes d’Ambre.

 

J’ai d’abord été fascinée par la couverture de ce livre de poche qui est absolument magnifique. Il faut dire qu’il a été édité par Denoël dans une collection qui n’existe malheureusement plus mais qui a marqué tout une génération d’amateurs de fantastique : Présence du futur. Cette collection faisait la part belle aux illustrateurs et celle choisie pour illustrer le cycle des princes d’Ambre, Florence Magnin, a un talent fou.

Les couvertures du cycle des Princes d’Ambre sont non seulement magnifiques, mais l’ensemble des tomes forment en plus un paysage supplémentaire une fois leurs dos mis côte à côte.
La couverture en elle même promet déjà un univers original, et j’estime qu’elle est pour beaucoup dans le côté immersif de l’œuvre.

 

Je lis donc ce premier tome dans le week-end, puis enchaine la lecture des autres tomes de la saga (10 en tout) presque avec boulimie. J’ai jeté tout mon imaginaire dans cette lecture, j’ai vraiment embrassé ce monde comme s’il était mien.

Cela a vraiment été pour moi une lecture organique. J’étais entièrement plongée au milieu des différents mondes, je prenais part aux complots, j’accompagnais les héros successifs dans leurs aventures. Je partageais leurs réflexions, leurs doutes, élaborait mes propres hypothèses et stratégies.
Je pense sincèrement que j’ai à un moment cru cette lecture infinie, et je l’ai achevée avec tristesse et frustration tant il restait de choses à vivre, et donc à écrire.

 

Tout a initié mon amour pour le fantastique et je me suis frottée à nombre de cycles de fantasy ou de science fiction. Parfois avec plaisir, parfois moins, mais aucun n’a jamais remplacé les livres de Zelazny dans mon cœur. Je suis souvent revenue à cette lecture, empruntant les tomes quand cela me prenait et selon ceux disponibles. Je revivais les aventures dans le désordre, picorant ça et là mes passages préférés, laissant parfois mon imagination combler le vide.

Je me suis vraiment prise d’affection pour cet univers, réclamant en cadeau le livre associé et le jeu de tarot. Je me suis même essayé au jeu de rôle (bon sans grand succès, je l’avoue).

 

Puis j’ai déménagé, et il était temps pour moi d’avoir mes propres exemplaires de la saga. Je n’imaginais pas changer de ville sans les emporter. Malheureusement, la collection Présence du futur n’était plus. Je n’ai pas pu trouver les livres sous ces couvertures, et dû attendre les rééditions dans la collection Folio SF. Je ne connaissais pas trop les circuits d’occasion à l’époque. J’ai toujours regretté de les avoir acheté. Sans la couverture, l’histoire même semblait différente. Le charme n’agissait pas. De tout façon j’ai toujours trouvé les couverture chez Folio SF hideuses ; trop futuristes ou trop classiques, pas assez en phase avec le récit, et puis c’est quoi cet espèce de lilas mochissime ?

C’est avec l’essor d’Internet que j’ai commencé à chercher les éditions d’origine. J’ai fini par trouver la saga complète sur Priceminister. En assez bon état, bien que certains dos aient été décolorés, je retrouvais enfin des images familières.

J’en ai profité pour relire toute la saga, bien sûr, avec un enthousiasme retrouvé.

Je garde aussi de cette expérience une affection énorme pour les bibliothèques. Je n’ai que de bons souvenirs de ces lieux, et je trouve important, essentiel même, que tout le monde puisse y trouver les moyens de lire. Dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, aussi changeant, les différentes missions des bibliothèques me sembles indispensables : conservation, accès à la culture pour tous et surtout, lieu d’échange et créateur de lien social.

 

Je m’en suis tenue éloignée durant quelques années, mais maintenant que j’ai des enfants et une médiathèque à proximité, je les y emmène souvent et j’espère qu’un jour, eux aussi y trouverons un trésor qu’ils chériront longtemps.

 

Rappel :

Le cycle des princes d’ambre comporte 10 livres, tous disponibles chez Folio SF (mais les couvertures sont moches !). Leur prix varie entre 7 et 8€. Ils sont depuis peu disponibles en numérique (avec DRM), cela permet d’économiser entre 0,5 et 1€ par livre.

 

 

3 Comments

  • Je ne possède pas la version coffret (hélas), mais les 10 PDF séparés, achetés au fil des parutions. Je connais peu Zelazny. On fait souvent référence à lui en forums spécialisés quand il s’agit d’associer SF et mythologie. Mais autant qu’il m’en souvienne ce n’est pas le cas avec Ambre.Ma lecture en est si lointaine.
    Ta chronique marque avec succès ce point de départ magique d’une vie consacrée (entre autres) aux livres. Pour ma part, itou, ce fut la SFFF mais en d’autres temps plus a=nciens (bien que je me force maintenant à élargir mon horizon à d’autres facettes de l’écrit). Zelazny tient, c’est évident, une place de choix dans ton histoire. Perso ce fut le Fleuve Noir Anticipation dans son ensemble (que l’on ne trouvait pas en bibliothèque mais en occasion sur les places de marché, ou neufs dans les magasins de presse). Mais peu importe la source de ravitaillement, pourvu qu’on ait l’ivresse.

    • Zelazny a puisé un peu d’inspiration dans la mythologie celte irlandaise et les légendes médiévales pour cette saga, mais certaines de ses autres œuvres sont en effet beaucoup plus mythologiques.
      Merci de ton retour !

      • Son chef-d’œuvre semble être « Seigneurs de lumière » qui utilise la mythologie indienne (pas lu).

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