Policier

Lu – Du champagne, un cadavre et des putes, tome 1 – Tristan-Edern Vaquette Lectures

Lu – Du champagne, un cadavre et des putes, tome 1 – Tristan-Edern Vaquette

Je ne connaissais pas Tristan-Edern Vaquette avant de voir passer une référence à son travail dans mon fil d'actualité. Cela vexe un peu quand on se vante d'être curieuse, mais que veux-tu, nul n'est parfait, les méandres artistiques sont si vastes et polymorphes... J'ai presque regretté un temps d'être allé à la découverte de son travail en vidéo, cela ayant forcément influencé mes attentes envers cet ouvrage, mais un temps seulement, l'homme est diablement passionnant. Je ne te ferai donc pas sa biographie ici, elle est facilement trouvable en ligne. Assez parlé de l'auteur, parlons du livre. Il s'agit du premier tome d'une œuvre aux dimensions colossales, prévue en 4 tomes. Cet opus a pour point de départ la mort d'Alice, une jeune femme dont on apprend dès les premières lignes qu'elle était prostituée. Chargé de l'enquête, le commandant Lespalettes met rapidement la main sur son journal intime, et décide alors de retracer la vie de cette écorchée vive, afin de comprendre ce qui a pu la mener à sa perte. Du champagne, un cadavre et des putes commence comme un polar classique, voir assez léger, rempli de personnages grossiers, pour s'épaissir au fil des pages et virer au roman social noir. On comprend alors qu'ici se dressent les véritables enjeux du récit. Rien n'est doux dans ce livre, ni l'histoire d'Alice, ni les multiples protagonistes issus de ses errances. Son parcours permet de dresser un portrait sans concession du déterminisme social, et seront abordés tour à tour de multiples moyens d'oppression systémiques cachés sous les beaux discours d'infinis ordures, parfois étouffés de cynisme et souvent instruments ignorants d'une entreprise plus vaste. Souvent pamphlétaire, parfaitement argumenté, ce roman ne fait aucun compromis, et l'auteur y dresse avec l'absolue finesse de son éloquence l'un des plus beaux portraits de femme que j'aie lus. A travers son journal, on découvrira la rage d'Alice de vivre autre chose. Son refus d'accepter ce dont bien d'autres se contenteraient, son envie d'absolue liberté, sa volonté de faire fi des concessions pour se forger un destin. Avec toute la maladresse des grands passionnés, pour le meilleur et surtout pour le pire, au fil de son histoire, on sentira poindre l'éveil de ses convictions. Certains paragraphes cueillent comme un coup de poing dans le bide, faisant remonter l'amertume de la bile dans la bouche. C'est une histoire violente comme la vie, tragique comme le monde, et elle donne envie d'embrasser désespérément l’existence avec rage et passion. Une fin abrupte me fait grandement désirer la suite, qui devrait se dévoiler avant la fin de l'année, si la fin du monde n'a pas lieu d'ici là... Ce que j'ai écouté pendant ma lecture: - L'OST de Suspiria, signée Goblin- Spiral 1 & Japan, de Karlheinz Stockhausen- L'opéra Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti…
Lu – Psychose – Robert Bloch (Pocket) Lectures

Lu – Psychose – Robert Bloch (Pocket)

Traduit par Odette Ferry. Psychose, pour moi (et il y a de grandes chances que pour toi aussi), c'est avant tout un film. Hitchcock filme en 1960 et en noir et blanc un thriller glaçant, que j'ai personnellement vu pour la première fois en classe de 6ème (merci à ma professeure de français de l'époque dont le nom m'échappe). Certains plans m'ont immédiatement marquée pour ne jamais me quitter depuis. J'ai découvert le roman de Robert Bloch sur l'étal d'une librairie d'occasion et j'ai tout de suite été curieuse de savoir de quel matériaux le scénariste Joseph Stefano s'est inspiré. Si j'estime Psychose comme un excellent film, quel type d'adaptation peut-il bien être ? C'est très simple : Psychose est une adaptation fidèle. Extrêmement fidèle même. Ou bien est-ce le roman de Bloch qui est à ce point cinématographique ? Psychose est un livre assez court, particulièrement habile. Un vrai roman à suspense, qui s'attarde à ciseler le portrait psychique de son protagoniste principal : Norman Bates : ce quadragénaire, vieux garçon, qui semble vivre sous le joug d'une mère abusive et castratrice. Robert Bloch déploie tout son art pour tenir le lecteur en haleine, et distille avec subtilité une atmosphère assez poisseuse pour mettre mal à l'aise. Le temps de lecture est vite passé, et les images du film oubliées au profit d'une prose que le temps n’atteint pas. L'intrigue est très efficace, et le dénouement particulièrement dur avec les nerfs ! Une fois la dernière page refermée, j'ai recommencé à respirer...…
Lu – Le parc jurassique et Le monde perdu – Michael Crichton (Robert Laffont) Imaginaire

Lu – Le parc jurassique et Le monde perdu – Michael Crichton (Robert Laffont)

Traduit par Patrick Berthon. Il est des auteurs qui marquent la vie d'un lecteur et Michael Crichton est indéniablement de ceux-là pour moi. J'ai pris beaucoup de plaisir, lors d'une visite familiale, à me replonger dans ces deux livres que j'ai dévorés plus jeune. Qui est donc cet auteur ? D'après sa biographie, il est considéré comme l'un des pionniers du techno-thriller, ce genre littéraire qui déroule ses intrigues autour d'une catastrophe imminente, qui sera résolue en général par l'utilisation de la haute technologie et à grand renfort d'un héroïsme exacerbé. Je n'aime pas trop cette définition qui, à mon avis, ne reflète pas toute l'étendue de la palette d'écriture de Crichton. L'ayant découvert à l'adolescence, à l'époque ou mon intérêt pour la connaissance, les sciences dures et les sciences humaines était en pleine éveil, j'ai associé cet auteur à des intrigues extrêmement efficaces, couplées à une énorme documentation sur un sujet donné. Dans Le parc jurassique, il nous invite à réfléchir sur la biotechnologie, l'éthique et la théorie du chaos. Dans Le monde perdu, place à la théorie de l'évolution, les systèmes complexes, les fractales ou quelques piques sur la société de divertissement qui sont toujours d'actualité. Sans doute parce que j'ai lu les livres avant d'avoir vu les films, j'y reste profondément attachée. Je trouve encore l'intrigue d'une effroyable efficacité, et j'ai toujours un faible pour Ian Malcolm (le fait que ce personnage ait été joué au cinéma par Jeff Goldblum - sans doute mon acteur préféré- reste une des plus belles nouvelles de mon adolescence).Ces deux livres sont de vrais page-turner. Une lecture addictive, dans laquelle les scènes d'actions sont parfaitement rythmées par des moments plus calmes, propices aux réflexions. Le parc jurassique a été mon point d'entrée vers le reste de l'oeuvre de Michael Crichton, et nombre de ses autres ouvrages m'ont marquée : Prisonnier du temps, La proie ou Turbulences, et surtout Etat d'urgence, et L'homme terminal. Avec l'expérience et mes propres apprentissages est bien sûr venu le temps de la critique. Il va sans dire que la connaissance apportée par ses ouvrages est partielle, partiale et ne fait que servir l'intrigue. Il ne s'agit pas du tout de prendre pour argent comptant l'ensemble de ses exposés. J'ai d'ailleurs pu exercer, lors de quelques relectures, mon esprit critique sur certains sujets. Cependant, Crichton fait partie de ces auteurs qui ont forgé ma lecture, mon esprit critique et qui ont développé mon appétence pour la sciences et mon avidité pour la connaissance. Même si certains de ses sujets sont datés, j'en recommande fortement la lecture, surtout aux plus jeunes, car il savait construire des récits à la fois divertissants et enrichissants, permettant de faire pointer un peu de curiosité intellectuelle, qui donne envie de pousser plus loin ses réflexions...…
Lu – Il faut flinguer Ramirez, Acte 1 – Nicolas Petrimaux (Glénat) BD

Lu – Il faut flinguer Ramirez, Acte 1 – Nicolas Petrimaux (Glénat)

Il faut flinguer Ramirez a été conçu, réalisé, mis en scène et dessiné par Nicolas Petrimaux et cela fait toute la particularité de cet album. En effet, les casquettes de l'auteur sont multiples: animation, jeux vidéos, livre d'art... c'est un illustrateur/concept designer (selon le site officiel de la BD) ayant eu de multiples expériences. C'est, je pense, de par ce fait que, seul au commande de ce projet, il nous livre un album packagé, à mi-chemin de la bande dessinée, du comics et de l'animation. En effet, il y a dans ces planches une mise en scène prégnante, qui les propulse bien au delà de la bande-dessinée classique.  Ce livre est un objet léché, taillé au cordeau, maîtrisé de bout en bout avec maestria. Et au niveau de l'intrigue, me direz vous ?  Si je l'ai laissée pour la fin, c'est parce que de mon point de vue, c'est là que le bas blesse un peu. Biberonné par les années 80, Petrimaux nous balance une énième intrigue à la Tarantino et consort. Si elle n'est pas dénuée d'un humour qui parfois fait mouche, et de vrais envolées décoiffantes, si j'y ai retrouvé nombre de références sympathiques qui me font dire que j'ai tout de même un sacré socle culturel commun avec l'auteur, il m'a tout de même manqué ce petit "plus" que j'ai attendu pendant toute ma lecture et qui fait qu'elle ne restera "que" sympathique, quand je la trouvais tellement prometteuse... Pour résumer, j'ai adoré et en loue la forme. Petrimaux sort des carcans et nous propose un objet original, qui dénote des productions habituelles, et qui serait tout à fait propice à un crossmédia d'enfer. Pour le fond, malheureusement, je reste sur ma faim, serais-je devenue un peu trop exigeante ? Peut-être, car je conseil tout de même vivement cet album !…
Lu – Le carnaval des hyènes – Michaël Mention (Ombres Noires) Lectures

Lu – Le carnaval des hyènes – Michaël Mention (Ombres Noires)

Avec Le carnaval des hyènes, Michaël Mention signe un court roman coup de poing.Noir, cynique, violent, il suit un rythme haletant et laisse peu de temps au lecteur pour reprendre son souffle. Privilégiant l'action de bout en bout, il entraîne son héros dans un coup monté des plus obscène. Hypocrisie et faux-semblants, corruption et collusion avec le pouvoir, c'est un drôle de tableau que nous dépeint l'auteur.Fantasme ou réalité ? A vous d'en être seuls juges.…
Lu – Le cercle de Farthing – Jo Walton (Denoël) Imaginaire

Lu – Le cercle de Farthing – Jo Walton (Denoël)

Traduit par Luc Carissimo. Le cercle de Farthing est un des premiers romans de Jo Walton, le premier tome de la Trilogie du subtil changement, qui met en scène l'inspecteur Carmichael. J'y ai aimé le parfait mélange entre deux courants : l'uchronie et le roman policier.L'histoire se déroule dans un monde post seconde guerre mondiale, dans lequel l'Angleterre a signé la paix avec l'Allemagne, toujours dirigée par Hitler. Quand le principal artisan de cette paix est assassiné au milieu de la réunion d'un grand cercle d'influence, tout désigne le seul invité juif....Jo Walton a su nous plonger au cœur de la bourgeoisie, celle qui est l’artisane des jeux de pouvoir. Il en ressort un portrait sans doute fidèle, parfaitement cynique, et qui fait la part belle à l'hypocrisie et aux faux semblants.Parallèlement à ça, nous assistons à un récit assez glaçant sur la montée du fascisme, qui nous interroge sur ce que serait le statut des juifs dans une Europe en paix avec Hitler...Au milieu de cette atmosphère très lourde, le récit policier est subtil, prenant et pique notre curiosité. Servi par des personnages tout en nuances, il est maîtrisé de bout en bout. Très sombre, ce roman écrit au début des années 2000 trouve son écho dans ce que l'on vit et découvre tous les jours, et il est parfois difficile d'y trouver de l'espoir... Le tableau dépeint, s'il est certainement réaliste, n'en est que plus dur...Je vous recommande donc la lecture du Cercle de Farthing, qui, dans un style qui rappelle parfois celui des classiques policiers anglais, saura retenir votre attention par son intrigue et son propos.…
Lu – Lord Gwynplaine – Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal (Albin Michel) Lectures

Lu – Lord Gwynplaine – Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal (Albin Michel)

Relecture au plus proche du flamboyant Comte de Monte-Cristo de Dumas, Lord Gwynplaine est un polar dans sa plus pure expression : noir, haletant et addictif. Pour qui, comme moi, voue une véritable passion à l'oeuvre d'origine, c'est un peu déroutant, car les auteurs n'ont quasiment pas changé une ligne de l'histoire de base. Mais en le transposant dans les années 80 - 90, entre Mitterand et Chirac, Pouy et Raynal agrémentent ce récit d'un regard acéré sur les dérives de notre société. Reste qu'il est parfois compliqué de croire à certaines ficelles dans un monde moderne (ces mariages arrangés, ce duel à mort...). Il faudra donc, pour apprécier cette lecture, prendre un peu de recul sur les événements et laisser courir la suspension de l'incrédulité. On profitera alors d'un texte écrit avec une grande maîtrise, aux nombreux rebondissements et au rythme parfait.…
Taxi Driver – Richard Elman (Editions Inculte) Lectures

Taxi Driver – Richard Elman (Editions Inculte)

Traduit par Claro. Ecrit en parallèle du scénario de Paul Schrader, ce roman se présente sous la forme du journal de bord de  Travis Bickle. Au gré de nuits sans sommeil et de pérégrinations dans les rues de New-York, le lecteur entre dans la tête de cet anti-héros, et plonge dans son cynisme, ses désillusions, sa folie. L'écriture est claire et direct, sans fioritures, hypnotique. Les personnages sont peu nombreux, mais on compte surtout parmi eux la ville de New York, qui n'est pas montrée sous son meilleur jour : sale, sauvage et violente. Nous dérivons avec Travis, suivant son monologue intérieur, témoins impuissants de son errance et de la montée en intensité de la frustration qui le conduira à chercher un hypothétique destin par la violence. C'est rapide, violent et juste.Mention spéciale à l'art work de la couverture signé Yann Legendre dont vous pouvez retrouver le travail sur son site.…
La quiche fatale, une enquête d’Agatha Raisin – M.C. Beaton (Albin Michel) Lectures

La quiche fatale, une enquête d’Agatha Raisin – M.C. Beaton (Albin Michel)

Livre traduit par Esther Ménévis. Un livre sympathique et léger. Agatha Raisin est une héroïne assez hors norme à qui il arrive des péripéties drolatiques sur fond de campagne anglaise. L'ambiance est bucolique, les personnages truculents, et l'héroïne, bien que doté d'un fichu caractère, a gagné toute ma sympathie. On est entre l'hommage et la caricature des romans d'Agatha Christie Personnellement, Agatha Raisin m'a furieusement fait  penser au personnage d'Imogène McCarthery de Charles Exbrayat dont je me délectais adolescente! C'est une lecture typiquement britannique, qui fait sourire et passe le temps agréablement. Parfait pour les beaux jours!…
La nuit de l’ogre – Patrick Bauwen (Albin Michel) Lectures

La nuit de l’ogre – Patrick Bauwen (Albin Michel)

J'ai reçu La nuit de l'ogre dans le cadre d'une opération masse critique sur Babelio. J'ai une certaine affection pour Patrick Bauwen depuis que j'ai lu son premier roman L'oeil de Caine, que j'ai trouvé magistral. J'ai lu plusieurs de ses autres ouvrages et d'ailleurs j'en ai déjà chroniqué un sur ce blog (Les fantômes d'Eden). J'avoue que je n'y ai jamais retrouvé la maestria de ses débuts. La nuit de l'ogre ne fait pas exception.  L'histoire met en scène le docteur Christian Kovak, et je n'ai malheureusement pas réussi à m'attacher à ce personnage. Peut-être est-ce parce que je n'ai pas lu le précédent roman, Le jour du chien, dont il était le héros également, mais je l'ai trouvé trop sombre, trop imprévisible, voir incohérent. Le récit est, selon moi, trop long à se mettre en place, et l'action ne décolle que dans les 100 dernières pages. Difficile d'accrocher aux longues errances des personnages, qui semblent tous dénoués de sentiments. Il en ressort une atmosphère assez clinique, trop factuelle.  Reste l'intrigue policière, qui arrive tout de même à tenir en haleine (on a envie de savoir le fin mot de l'histoire!), et que j'ai trouvé très bien imaginée, glaçante et fascinante, et le style de Bauwen, qui va à l'essentiel, et sait parfaitement captiver son lecteur. Comme toujours le roman est richement documenté, sur un sujet particulièrement original. Et sur tous les aspects médicaux, Bauwen prouve une fois de plus qu'il sait de quoi il parle! Rendez-vous manqué pour moi, mais cela ne me détourne pas de cet auteur, la prochaine fois sera la bonne!…