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Lu – Fake news – Manu Larcenet (Les rêveurs) BD

Lu – Fake news – Manu Larcenet (Les rêveurs)

Je n'ai pas pu résister à la couverture de cet album. Je ne connais pas dans le détail le travail de Larcenet, mais j'ai toujours aimé son univers visuel. Il s'exprime pleinement dans ce recueil de courts textes absurdes, étranges et drôles, au service de grandes pages illustrées. L'univers développé est entre le non-sens et la parodie, parfois drôle, toujours intrigant. Les planches sont magnifiques, d'une maîtrise inouïe, et m'ont souvent beaucoup touchée, Larcenet en disant plus en un dessin qu'en mille mots. Un livre que je conseille plutôt de picorer (il y a une fake news par double page), pour en savourer l'étrange poésie. Un exemple ? Le fantôme du dernier manchot de Humboldt est mort. Le SMMF (Syndicat mondial des maquereaux fantômes) se dit soulagé.…
Lu – I am Vampire – Romain Ternaux (Aux Forges de Vulcain) Imaginaire

Lu – I am Vampire – Romain Ternaux (Aux Forges de Vulcain)

Ce livre a subitement sauté dans mes mains, un jour où je flânais dans ma librairie préférée, essentiellement grâce au pouvoir de sa couverture signée par l'illustrateur Helkarava. J'ai découvert le reste de son travail à cette occasion et je t'encourage à aller le découvrir également, tu ne seras pas déçu : http://helkarava.com Bon, ceci étant fait, il me restait à découvrir la prose de Romain Ternaux que je ne connaissais pas non plus. Quelle belle surprise ! L'univers de Romain Ternaux est barré et baroque, trash et drôle, inventif et délirant.Il nous introduit dans la vie de Bertrand, un artiste-peintre en manque de succès, particulièrement odieux, qui se trouve entraîné plus ou moins malgré lui dans une orgie sanglante... Roman au rythme atypique, I am Vampire pourrait paraître pour une immense blague si son auteur ne maîtrisait pas totalement les codes qu'il s'amuse à détourner, en faisant une farce flamboyante. J'ai pris énormément de plaisir à lire ce court roman et pense bien me pencher sur le reste de la bibliographie de cet auteur.…
Lu – Alpha …directions – Jens Harder (Actes Sud – l’An 2) BD

Lu – Alpha …directions – Jens Harder (Actes Sud – l’An 2)

Traduit par Stéphanie Lux. Alpha ...directions fait partie de ces pépites découvertes au détour des rayons d'une librairie. J'ai tout de suite été frappée par l'épaisseur de cet ouvrage, et par sa couverture, aussi saisissante qu'intrigante. Je ne m'imaginais pas, en l'ouvrant, que l'auteur me ferait faire un si joli voyage. La quatrième de couverture annonce pourtant la couleur: Quatorze milliards d'années résumées en à peine plus de 350 pages. Ce qu'elle ne dit pas, c'est qu'en plus du voyage dans le temps, l'auteur nous fait aussi faire un immense voyage dans l'iconographie et les représentations visuelles, allant des peintures rupestres aux images prises par télescope spatial, en passant par de nombreux artistes anciens et contemporains, et de multiples références cinéphiles. J'ai compté sur la page de sources plus de 100 références différentes aussi classiques que pop, comme Botticelli, Gustave Doré, Max Ernst, Van Gogh, Hokusaï et même Hergé ou Lewis Trondheim. Jens Harder arrive à mêler avec brio toutes ces références visuelles à son récit qui reprend par le détail l'histoire de notre terre de la naissance de l'univers à l'apparition des premiers hommes... Alpha ...directions est un ouvrage fou et démesuré, d'une richesse à peine croyable, qui se lit autant qu'il se contemple. Certaines planches m'ont vraiment enchantée. Au milieu de tout ce foisonnement visuel, l'auteur n'oublie pas de nous raconter son histoire, constituant donc en outre un ouvrage de vulgarisation rigoureux et complet. C'est donc une des plus formidables surprises de ce début d'année, et je ne manquerai pas de lire également les 3 autres tomes de cette "trilogie en 3 volumes" que l'auteur appel Le grand récit. Le tome 2, Bêta ...Civilisations est d'ailleurs paru chez le même éditeur.…
Vu – Chernobyl – Craig Mazin (2019) Vidéos

Vu – Chernobyl – Craig Mazin (2019)

Chose rarissime, j'ai profité de quelques jours de calme pour regarder une série. J'en regarde très peu, mais le sujet de celle-ci me semblait passionnant. Chernobyl est une minisérie en 5 épisodes d'environ 1h chacun. Elle raconte l'histoire vraie de "la catastrophe de Tchernobyl": l'explosion, en 1986, du réacteur nucléaire n°4 de la centrale V.I. Lénine, située à l'époque en URSS. Elle met surtout l'accent sur les milliers de personnes ayant œuvré pour minimiser les conséquences sanitaires de cet incident, au sacrifice de leur vie. Étant assez âgée pour me rappeler du traitement de la catastrophe dans les médias français de l'époque (j'avais 6 ans), j'étais loin d'imaginer, même maintenant, les processus mis en place pour gérer cette crise. Cette histoire est en effet aussi épique que vraie, et constitue donc le parfait matériaux de base pour une série d'ambition. La série est poignante, émouvante, dérangeante... Parfaitement réalisée, elle m'a happée du début à la fin, me laissant dans un état d'émotion certain.…
Lu – R.U.R. – Karel Čapek (Éditions de la différence) Imaginaire

Lu – R.U.R. – Karel Čapek (Éditions de la différence)

Traduit par Jan Rubeš. La curiosité m'a poussée à lire cette courte pièce de théâtre, écrite par un auteur tchèque en 1920. Qu'a-t-elle de si spécial, en effet ? Juste le fait que, pour les besoins de cette pièce de théâtre, Karel Čapek a inventé le mot "robot" (dérivé du tchèque robota, voulant dire corvée). Les robots décrits par Čapek se rapprochent cependant plus de clones que de machines. Ils sont en effet fabriqués en série à partir de matières organiques dans des usines isolées sur une île. Sur cette île prendra part l'intrigue de la pièce qui met en scène les quelques humains travaillant en tant que dirigeants pour l'usine. Ce qui m'a frappée à la lecture de cette œuvre, c'est qu'elle porte déjà en elle le cœur de ce qui donne corps à beaucoup d'intrigues tournant autour des robots : des être aux capacités sensitives et intellectuelles limitées, prenant conscience d'eux même et se révoltant contre leurs créateurs. Si l'auteur manie avec subtilité un humour cynique des plus réjouissants, la fin est convenue et peu intéressante. D'ailleurs, l'intrigue en elle même ne l'est que lorsqu'elle est remise dans son contexte : écrit dans les années 20, R.U.R. est un texte d'une effroyable modernité, qui, en plus de cet apport à lexicologie, énonce une critique virulente du rationalisme économique et pose les bases d'une des thématique centrale de la science fiction.…
Lu – La métamorphose – Franz Kafka (Folio) Imaginaire

Lu – La métamorphose – Franz Kafka (Folio)

Traduit par Alexandre Vialatte. Il est des livres dont la lecture marque durablement. C'est le cas de ce livre pour moi. J'ai lu La métamorphose à la fin de mon adolescence, alors que j'attendais l'heure de partir en soirée. Cette nouvelle a été une claque monumentale qui m'a complètement fait sortir de la soirée en question. Je n'ai lu les autres nouvelles de ce recueil que quelques mois après, ainsi que d'autres ouvrages de l'auteur. Retombée dessus lors d'un séjour en famille, j'ai décidé de le relire pour pouvoir t'en parler. Le style de Kafka est pour moi assez unique. Lire une nouvelle de cet auteur, c'est entrer dans un monde à la fois étrange et absurde, mais également oppressant jusqu'au malaise. C'est une lecture extrêmement viscérale, et il me faut toujours un moment pour m'en extraire une fois l'histoire terminée. Ses nouvelles décrivent souvent une société très impersonnelle et soumise à une bureaucratie aveugle, dans laquelle aucun espoir n'est permis. Il part de situations parfois sans aucun sens, et ne fourni aucune explication quant à l'étrangeté des choses (par exemple, on ne saura jamais pourquoi le Gregor de La Métamorphose se retrouve soudain changé en cancrelat...). C'est vraiment une expérience particulière de lire du Kafka, et je ne te dis pas que c'est toujours très agréable, mais c'est aussi totalement fascinant, et je n'ai pas réussi, pour ma part, à lâcher ce recueil avant d'en avoir tourné la dernière page.…
Lu – Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu – Karim Berrouka (J’ai lu) Imaginaire

Lu – Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu – Karim Berrouka (J’ai lu)

Karim Berrouka fait parti de ces auteurs que j'adore retrouver. Après avoir exploré le monde des fées et celui des zombies, il s'attaque dans cet opus aux Grands Anciens, aux Dieux Extérieurs, bref, à Cthulhu et toute sa clique, pour notre plus grande jubilation. Lovecraft... voilà une écrivain qui fait parler de lui depuis des années, que ce soit pour son oeuvre ou pour son racisme... Le mythe de Cthulhu a en plus atteint le statut de culte, et nombre de ses adeptes manquent parfois de recul. A ceci, Berrouka répond de la plus belle des façon : en évitant de le respecter. Dans ce roman, il fait de son personnage principal, Ingrid, une héroïne bien malgré elle. Propulsée sans pouvoir donner son avis "centre du pentacle", la voilà victime des rivalités de cinq pseudo-sectes qui voient en elle la solution à rien de moins que la fin du monde, et le retour des Grands Anciens... Une fois le mythe dépoussiéré et privé de son aura légendaire, l'auteur s'amuse a dépeindre des bandes de sectateurs tous plus cinglés les uns que les autres, décochant un énorme coup de pied en passant à toute forme de fanatisme. Au milieu du bordel ambiant, Ingrid ressemble aux héros chers à Berrouka : d'une normalité confondante et légèrement j'm'en foutiste... C'est toujours avec beaucoup d'humour que Karim Berrouka décharge sa plume acerbe, et, bien plus subtilement qu'on pourrait le penser, qu'il critique une société qui croule sous la bien-pensance et une pâle résignation. Adorateur du mythe de Cthulhu, si tu veux lire ce livre, prépare d'avance un peu d'autodérision, mais tu te rendras aussi compte que, pour avoir écrit un roman à ce point référencé, Karim Berrouka doit certainement en être un peu adepte...…
Lu – 24 vues du mont Fuji par Hokusai – Roger Zelazny (Le Belial) Imaginaire

Lu – 24 vues du mont Fuji par Hokusai – Roger Zelazny (Le Belial)

Traduit par Laurent Queyssi. Je trouve le format novella vraiment intéressant. Roman court ou longue nouvelle, il entraîne souvent le lecteur dans un récit à peu de personnages, centré sur une histoire précise, laissant suffisamment de temps pour développer ses propos sans s'appesantir.Il n'est pas facile pour un auteur de trouver un bon rythme, de clore une histoire sans frustrer. Dans 24 vues du mont Fuji par Hokusai, Zelazny réussi parfaitement l'exercice. Hokusai pour moi, comme pour beaucoup je pense, c'est avant tout cette estampe, cette vague immense et menaçante, bleue de Prusse, semblant engloutir un mont Fuji minimisé, avec une puissante force évocatrice.Je me suis intéressée il y a quelques temps à l'oeuvre d'Hokusai, découvrant sa série d'estampes 36 vues du mont Fuji dans ce qu'elle a de révolutionnaire pour l'époque. Partant de cette série de vues, Zelazny nous déroule le voyage de Mari sur les traces de l'artiste. On sait très peu de choses sur cette héroïne, mis à part le fait qu'elle porte le récent deuil de son mari. Véritable parcours initiatique, extrêmement contemplatif et poétique, j'ai trouvé que ce récit contrastait par sa douceur avec le reste de l'oeuvre de Roger Zelazny. Je n'ai malheureusement pas trouvé de précisions sur le contexte dans lequel il a été écrit, j'aurais aimé savoir ce que l'auteur traversait à ce moment là. Assez cryptique, tout du moins au début, 24 vues du mont Fuji par Hokusai m'a surpris par sa mélancolie et l'atmosphère assez résignée qui s'en dégage. Avançant à tâtons, à un rythme assez lent pour ce genre littéraire, j'ai parfois eu le sentiment que les impressions et pensées de l'héroïne étaient plus importantes que l'histoire. J'ai fini par y retrouver des thèmes chers à l'auteur,comme l'immortalité ou la quête de pouvoir, mais sous un angle complètement différent de celui auquel j'étais habituée. Je conseille donc vraiment la lecture de ce court roman de Roger Zelazny, c'est une expérience bien différente de ses autres livres, enveloppante et dépaysante, qui consolide en outre tout le bien que je pense de cette collection des éditions Le Bélial, 1 heure lumière.…
Vu – Sugar Man – Malik Bendjelloul (2012) Cinéma

Vu – Sugar Man – Malik Bendjelloul (2012)

Sugar Man est un documentaire racontant l'histoire de Sixto Rodriguez, un musicien de rock-folk américain. Ses deux albums sortis au début des années 70 ont été des échecs aux Etats-Unis, mais rencontrent un succès inattendu et confidentiel en Afrique du Sud, où ses paroles contestataires inspirent le mouvement anti-apartheid de la communauté blanche. Le mystère entourant la mort supposée de l'artiste entraîne deux de ses fans à partir à sa recherche. J'ai été happée par Sugar Man comme le conte doux amer qu'il est. Bercée par la musique de Rodriguez, sa voix chaud et si particulière. L'histoire qui nous est conté est en effet palpitante, à la fois tragique dans la description de l'échec de la carrière musicale de l'artiste, et fascinante dans celle de l'influence artistique et politique de son oeuvre à l'autre bout du monde. Au milieu des témoignages, Rodriguez traverse le récit avec une grâce et une sensibilité assez hors du commun. Véritable héros malgré lui, il est le principal atout de ce film, de par son talent chevillé au corps, son aura d'artiste intemporel, sa musique et ses mots... Sugar Man m'a touchée, en grande fan de rock des années 70 que je suis, et je ne me lasse pas des musiques de Rodriguez depuis... Et même si Malik Bendjelloul a clairement orienté son récit pour monter une légende (en se renseignant un peu, on s'en rend vite compte), je crois tout de même Sugar Man très honnête dans ses propos et l'hommage qu'il rend. C'est une belle histoire, magnifiquement racontée, et portée par une formidable bande originale. "Il avait cette sorte de qualité magique qu'ont tous les vrais poètes et les artistes. Il exaltait les choses, pour s'élever au dessus du banal, du commun"…
Lu – Le parc jurassique et Le monde perdu – Michael Crichton (Robert Laffont) Imaginaire

Lu – Le parc jurassique et Le monde perdu – Michael Crichton (Robert Laffont)

Traduit par Patrick Berthon. Il est des auteurs qui marquent la vie d'un lecteur et Michael Crichton est indéniablement de ceux-là pour moi. J'ai pris beaucoup de plaisir, lors d'une visite familiale, à me replonger dans ces deux livres que j'ai dévorés plus jeune. Qui est donc cet auteur ? D'après sa biographie, il est considéré comme l'un des pionniers du techno-thriller, ce genre littéraire qui déroule ses intrigues autour d'une catastrophe imminente, qui sera résolue en général par l'utilisation de la haute technologie et à grand renfort d'un héroïsme exacerbé. Je n'aime pas trop cette définition qui, à mon avis, ne reflète pas toute l'étendue de la palette d'écriture de Crichton. L'ayant découvert à l'adolescence, à l'époque ou mon intérêt pour la connaissance, les sciences dures et les sciences humaines était en pleine éveil, j'ai associé cet auteur à des intrigues extrêmement efficaces, couplées à une énorme documentation sur un sujet donné. Dans Le parc jurassique, il nous invite à réfléchir sur la biotechnologie, l'éthique et la théorie du chaos. Dans Le monde perdu, place à la théorie de l'évolution, les systèmes complexes, les fractales ou quelques piques sur la société de divertissement qui sont toujours d'actualité. Sans doute parce que j'ai lu les livres avant d'avoir vu les films, j'y reste profondément attachée. Je trouve encore l'intrigue d'une effroyable efficacité, et j'ai toujours un faible pour Ian Malcolm (le fait que ce personnage ait été joué au cinéma par Jeff Goldblum - sans doute mon acteur préféré- reste une des plus belles nouvelles de mon adolescence).Ces deux livres sont de vrais page-turner. Une lecture addictive, dans laquelle les scènes d'actions sont parfaitement rythmées par des moments plus calmes, propices aux réflexions. Le parc jurassique a été mon point d'entrée vers le reste de l'oeuvre de Michael Crichton, et nombre de ses autres ouvrages m'ont marquée : Prisonnier du temps, La proie ou Turbulences, et surtout Etat d'urgence, et L'homme terminal. Avec l'expérience et mes propres apprentissages est bien sûr venu le temps de la critique. Il va sans dire que la connaissance apportée par ses ouvrages est partielle, partiale et ne fait que servir l'intrigue. Il ne s'agit pas du tout de prendre pour argent comptant l'ensemble de ses exposés. J'ai d'ailleurs pu exercer, lors de quelques relectures, mon esprit critique sur certains sujets. Cependant, Crichton fait partie de ces auteurs qui ont forgé ma lecture, mon esprit critique et qui ont développé mon appétence pour la sciences et mon avidité pour la connaissance. Même si certains de ses sujets sont datés, j'en recommande fortement la lecture, surtout aux plus jeunes, car il savait construire des récits à la fois divertissants et enrichissants, permettant de faire pointer un peu de curiosité intellectuelle, qui donne envie de pousser plus loin ses réflexions...…